On vous l’a dit, un lion ne peut enfanter que d’un crocodile, Emmerson Knangagwa promu président par intérim du Zimbabwe jusqu’aux prochaines élections entretient bien une relation de père – fils avec Robert Mugabe. Ce dernier, malgré le coup de force de l’armée visant à le déposséder du pouvoir, a exigé qu’on veille à l’intégrité physique de sa personne et de sa famille et ce dans son pays même, une garantie d’immunité évidemment et enfin des avantages dus à son rang d’ancien chef d’Etat. Apparemment, il a eu gain de cause malgré les circonstances du moment et son bilan désastreux, montrant ainsi que le « crocodile » n’est pas un parricide. Leur devise commune « Pas de faiblesse ni tendresse » leur va bien, et leurs faits d’armes tant au pays que sur le continent en disent long sur leur détermination à piétiner toutes velléités de scrupules. Par exemple, dans les années 1980, lorsque la division Gukurahundi, entraînée par les Nord-Coréens, se déchaîne sur le Matabeleland (région de l’ouest et du sud-ouest du Zimbabwe) pour y écraser un parti rival – la ZAPU de Joshua Nkomo –, Emmerson Mnangagwa est à la manœuvre et avec la bénédiction de Mugabe évidemment. Sur le terrain, où on comptera plus de 20 000 morts, les officiers qui opèrent seront, justement, les chefs de l’opération des jours derniers à Harare, à commencer par le général Chiweng, chef actuel de l’armée. Autre fait d’armes, montrant que cette équipe est formée de prédateurs même sur le continent noir. En 1997, Laurent-Désiré Kabila s’empare du pouvoir au Zaïre désormais rebaptisé République démocratique du Congo, mais doit rapidement faire face à la rébellion d’une partie de ses troupes soutenue par l’Ouganda et le Rwanda. Mugabe vole au secours du pouvoir de Kingshasa en envoyant 20 000 hommes en RDC au côté des Angolais et des Namibiens. Cette aide aura un prix : Mugabe obtiendra le droit d’exploitation d’une mine cobalt et un accès au trafic de diamants. L’ONU pointe du doigt Emmerson Knangagwa comme étant le stratège de ce pillage mais les tenants du pouvoir à Harare s’en moquent, malgré les sanctions prises à leur encontre. En tout cas, le nouveau président est considéré comme un des plus riches dans son pays. Michel Hugon, spécialiste de l’Afrique et ancien professeur d’économie à l’Université de Madagascar le traite comme l’artisan de ce régime autoritaire et cleptomane. Maintenant, il reste à savoir si l’après-Mugabe va faire changer les choses au Zimbabwe. Les observateurs, bien que sceptiques, parle d’un possible léger mieux en économie ( Chômage à 90%, inflation galopante) , car pour attirer les bonnes « grâces » des investisseurs étrangers ,il sera bien obligé de donner quelques signes, mais du côté politique, notamment sur le plan des libertés , il ne faudra rien attendre, encore moins sur la tenue d’élections libres, car comme partout , en Afrique, « On n’organise des élections que quand on est sûr de les gagner », dit-on
- M. Ranarivao