Les Chefs d’Eglises ont lancé des critiques acerbes contre les tenants du pouvoir.
Le 40è Comité central du Conseil Chrétien des Eglises à Madagascar (FFKM) s’est déroulée du 23 au 26 novembre dernier à Antsirabe. Mis à part les sujets relatifs à l’évangélisation et à la vie de l’Eglise, la situation économique et sociopolitique du pays y a également été évoquée. En effet, les Chefs d’Eglises n’ont pas mâché leurs mots et ont avancé des critiques plutôt acerbes contre les tenants du régime par rapport notamment à la pauvreté alarmante qui frappe la majorité de la population. Aussi, dans un communiqué signée par Mgr Odon Marie Razanakolona (EKAR), Mgr Ranarivelo Samoela Jaona (EEM), Pasteur Irako Andriamahazosoa Ammi (FJKM) et Pasteur Docteur Rakotonirina David (FLM), le FFKM dénonce-t-il « un amalgame entre l’utilisation des deniers publics pour des activités de parti ». Une allusion notamment au dernier Congrès régional du parti « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » qui s’est tenu le week-end dernier à Mahajanga. Un évènement qui a été organisé au même moment que le Conseil des ministres décentralisé qui a eu lieu dans cette localité. Le ministre de la Communication Harry Laurent Rahajason a expliqué que ce sont les cotisations des partisans qui ont permis l’organisation de ce Congrès régional. Pour l’heure, aucune preuve n’a été avancée et aucun détail n’a été publié par les tenants du pouvoir en ce qui concerne le budget utilisé lors de ce Congrès à Mahajanga, ne serait-ce que pour rassurer l’opinion ainsi que les partenaires techniques et financiers. Une transparence est de mise en ce qui concerne la gestion de l’argent de l’Etat. Par ailleurs, le FFKM dénonce également le monopole des médias publics par le parti au pouvoir. « La population consomme uniquement des informations à sens unique car les médias publics sont focalisés sur les actions du parti », soutiennent les Chefs d’Eglises.
Mensonges et tromperies. A noter que cette nouvelle résolution est la suite logique de la déclaration faite à l’issue du 39è Comité central qui s’est tenu à Toamasina. Pour le FFKM, « le refus de l’application des résolutions du processus de réconciliation nationale basée sur les 4F (Fiaiken-keloka, Fibebahana, Fahamarinana, Fihavanana) qui s’est tenue à Antananarivo les 28 – 30 avril et les 1er – 2 mai 2015 est à l’origine des problèmes de Société qui sévissent actuellement, engendrés entre autres, par l’insécurité grandissante, la corruption, l’inflation et les cas de vindictes populaires ». « En outre, les Malgaches sont mis à l’écart dans les investissements et expulsés de leurs propres terres. Il n’y a aucune transparence pour les contrats et les accords signés avec les grandes firmes étrangères, notamment dans le cadre des grands projets d’exploitation des richesses nationales ». D’après les Chefs d’Eglises, « la situation s’est même aggravée ». Et eux de se demander qu’en est-il des procès des affaires d’exploitations illicites de bois précieux et d’autres richesses nationales, ainsi que des affaires de corruption. Les leaders du FFKM interpellent ainsi les dirigeants étatiques « afin d’écouter et de prendre en considération les propositions des Chefs d’Eglises et de proposer immédiatement des solutions concrètes aux problèmes vécues au quotidien par la population, mais aussi d’avancer un deadline pour leur réalisation ». La création d’une aumônerie spéciale pour les responsables étatiques et les élus, l’assainissement au niveau des Forces de l’ordre, ainsi que la refondation de la République figurent aussi parmi les solutions proposées par le FFKM. Cela signifierait-il que les dirigeants actuels nécessitent une délivrance car ils sont sous l’emprise du diable ? Pour les Chefs d’Eglises, « un changement radical est de mise au niveau des dirigeants et de l’Etat car la majorité silencieuse est abreuvée de mensonges et tromperies ».
Davis R