
La kora africaine, la « valiha » malgache et l’oud nord-africain ont bercé le public de l’IFM Analakely samedi après-midi.
Ils viennent de Madagascar, du Mali et du Maroc. Ces origines différentes, ils les ont amadouées pour les malaxer en un cousinage qui semble évident. La kora, l’oud et la « valiha » forment la colonne vertébrale de leurs sons entremêlés, tandis que leurs voix et de légères percussions tissent des liens entre ces cordes hétérogènes. Les trois musiciens ne s’en tiennent pas à la stricte tradition mais s’autorisent des galops iconoclastes, vont vers des méditations dialoguées et, en fin de parcours, se laissent même aller à un délire à base d’onomatopées à la manière indienne. Entre la « valiha » de Rajery, la kora de Ballaké Sissoko et l’oud de Driss El Maloumi s’engage effectivement une conversation inédite dans laquelle les notes remplacent les mots.
Voyage musical. Dès les premières notes, on se laisse emporter par les sonorités de ces cordes pincées qui ont tantôt un parfum d’Afrique du Nord, tantôt celui du pays mandingue ou celui de la terre malgache. Tour à tour, les musiciens tissent la trame des morceaux sur lesquels ils se relaient pour jouer la mélodie. Trois identités qui ne cherchent pas à briller l’une plus que l’autre mais au contraire se servent mutuellement pour exploiter au mieux le potentiel de chaque composition. Les frontières entre les cultures s’effacent. La complémentarité devient soudain évidente, naturelle. Il fallait avoir un certain goût de l’aventure, du défi pour se lancer dans un tel projet. A une époque où la notion de risque est de plus en plus rare dans une jungle musicale obnubilée par la rentabilité, la réussite de 3MA est forcément réjouissante ! Et on espère que ça continue.
Mahetsaka