La considération par le milieu de la finance des enjeux climatiques commence à évoluer. Encore faut-il le traduire en actes.
Deux ans, jour pour jour, après la signature de l’Accord de Paris sur le climat, à l’occasion de la COP21, la France, en partenariat avec les Nations unies et la Banque mondiale, organise le Sommet international sur le Climat « One Planet Summit » qui a débuté, hier, à Paris. Objectif : mobiliser les financements en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. C’est ainsi qu’une dizaine de fondations créées par des milliardaires comme celle de l’américain Bill Gates (Fondation Bill & Melinda Gates) et celle de son compatriote Michaël Bloomberg (Bloomberg Philanthropies) ainsi que celle du britannique Richard Branson (Virgin Unite) répondent présentes à ce Sommet international sur le Climat, et ont déjà manifesté leur engagement à revoir à la hausse leurs contributions en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Aussi Bill Gates devrait-il contribuer jusqu’à hauteur de 500 millions de dollars à un programme de financement sur la recherche climatique et les impacts du changement climatique sur l’agriculture. D’autres apporteront leurs contributions dans divers autres domaines du vaste chantier de la lutte contre le changement climatique.
Retour de flamme. Il faut savoir que les gros investisseurs, les plus grands acteurs qui pèsent lourd sur l’économie mondiale, risquent gros en sous-estimant ou en ignorant les effets du réchauffement climatique. Ce, dans la mesure où ces impacts menacent de plus en plus leurs propres investissements. En effet, les catastrophes naturelles telles que les sécheresses, les inondations et les cyclones et autres ouragans, qui ne cessent de croître en nombre et en intensité, ont un coût et impactent sérieusement sur l’économie, entraînant la fébrilité des investissements. Des données chiffrées indiquent que les impacts des catastrophes naturelles ont quadruplé en moins de 50 ans : quatre fois plus en 2016 par rapport à 1970. Quant aux coûts de ces sinistres, ils ont quintuplé en moins de vingt ans, mettant les assureurs dans une situation de panique. Les investisseurs, du moins, les plus polluants ont alors intérêt à contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en mettant la main à la poche et apporter ainsi leurs contributions financières, mais également en rendant plus « verts » leurs investissements. La transition énergétique prend ici toute sa signification.
Stratégie. Au vu des réalités actuelles, il y a loin de la coupe aux lèvres. Le modèle économique actuel favorise le réchauffement climatique et la planète s’achemine, à ce rythme, vers une augmentation de 3°C à 6°C de la température d’ici à la fin du siècle, alors que les objectifs fixés lors de l’Accord de Paris en 2015 affichent le maintien de l’élévation de la température en dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Les réalités sont ainsi encore loin des objectifs, amenant les spécialistes à avancer que le chemin que suit l’économie mondiale actuelle, qui favorise encore l’énergie fossile, aura bien assez vite, des impacts difficiles à gérer. Dans le cadre de ce sommet sur le climat à Paris, les investisseurs, croit-on savoir, devraient mettre en place ensemble une stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre et ce, dans l’année qui suit.
Hanitra R.