L’application de la zone orange pénalise l’économie de cette destination à part entière, classée une des plus belles au monde, qui est basée sur le tourisme. Cela affecte toute la région de la DIANA, voire même le pays tout entier.
Le taux d’occupation hôtelière a chuté considérablement jusqu’à 3% voire 0% en raison de la zone orange décrétée par l’Ambassade de France sur la destination île aux Parfums. Raison pour laquelle les opérateurs touristiques français qui s’y implantent interpellent le Quai d’Orsay. « Nous ne sommes plus d’accord que Nosy-Be reste encore classée zone orange car la sécurité s’améliore nettement. Il y a eu de gros efforts menés par les forces de l’ordre locales avec l’appui du président de la République, Hery Rajaonarimampianina pour renforcer cette sécurité. En outre, presque toutes les têtes administratives ont été déjà changées. Tous les acteurs opérant dans le secteur du tourisme sont maintenant au bout du gouffre à cause de l’application de cette zone orange », a dénoncé Fabrice Plantive, le président de l’Office Régional du Tourisme de Nosy-Be (ORTNB) lors de la rencontre avec la presse.
Chômage technique. Les touristes français représentent plus de 70 % de leurs clients. Du coup, « nous avons tous dû procéder au chômage technique partiel du personnel faute de clients », a fait savoir Ibrahim Bacari, l’assistant de direction de Vanila Hôtel. Quant à Anjiamarango Hôtel, « Nous avons un cumul de 350 nuitées annulées depuis l’événement tragique en octobre 2013. On a dû rembourser les clients car il y avait eu des réservations fermes. En Martinique, il y a avait eu 37 meurtres mais elle n’est pas classée zone orange », a révélé Philippe Gron, propriétaire d’Anjiamarango Hôtel. Tous les acteurs touristiques à Nosy-Be ont fait une pétition avec plus de 700 signatures auprès du gouvernement français pour lever cette zone orange mais ils n’ont eu aucune réponse jusqu’à maintenant. Pris en otage. « Certains d’entre nous ont pourtant investi beaucoup depuis ces deux ans, y compris la formation du personnel et la promotion de la destination. Des infrastructures comme le bitumage des routes ont été réalisées en partenariat avec le programme PIC financé par la Banque Mondiale. C’est pour dire qu’on est tous prêt à accueillir les touristes mais tout le monde reste sur le starting-block depuis le début de cette année à cause de cette zone orange. Personne ne comprend pourquoi ce n’est pas encore levé. Est-ce pour des raisons politiques ou diplomatiques ? Nous, les investisseurs français, qui sommes à bout de souffle de par la crise, avons besoin de savoir pourquoi le gouvernement n’a pas conscience que ce sont ses ressortissants français et le peuple malgache qui sont pris en otage et sanctionnés », a évoqué Nathalie Bazard, la vice-présidente de l’ORTNB. Scolarisation. A preuve, les taximen témoignent une baisse de leurs revenus faute de clients. Quant aux guides touristiques, ils ne travaillent plus que deux fois par mois contre quatre fois par jour auparavant. Puisque, l’économie locale est dépendante du développement du tourisme, même les commerçants de légumes sont pénalisés. « Avant l’application de cette zone orange, nous arrivons à écouler 2,5 tonnes de légumes par semaine sur le marché afin d’approvisionner les hôtels. Maintenant, nous ne pouvons plus nous engager auprès des paysans qu’une tonne par semaine. Et encore, il y a beaucoup d’invendus », a raconté Francis Tasy, le président de l’association des commerçants de légumes à Nosy-Be. Ce n’est pas tout, une baisse de taux de scolarisation se fait également sentir, soit de l’ordre de 10 % dans les écoles françaises et 30% dans les écoles publiques.
Ambassadeurs. Notons que l’ORTNB et Air Madagascar travaillent en partenariat pour relancer la destination. Une ligne directe reliant Marseille et Nosy-Be a été créée. Le premier boeing 767 débarquera à Nosy-Be le 26 juin prochain avec un prix de lancement de 1 050 Euros TTC. Parlant du tourisme, les opérateurs français avouent qu’il y a quand même des touristes français qui viennent en passant outre cette zone orange. « Ils deviennent nos ambassadeurs car ils éprouvent bien la sérénité et le calme à Nosy-Be contrairement à ce qu’on leur raconte ailleurs. Ce sont plutôt les Tours Opérateurs français qui n’osent pas envoyer des clients chez nous. Ils leur demandent de faire une lettre de décharge au cas où ces derniers insistent. Par ailleurs, six groupes de 80 touristes français chacun ont prévu de venir à Nosy-Be en juin prochain mais ils ont annulé à cause de cette zone orange », a exprimé le président de l’ORTNB. Pour les autres touristes, allemands, américains, suisses, belges et sud africains surtout les Italiens, ils séjournent à Nosy-Be sans aucun problème. « Les touristes italiens viennent toujours malgré cette zone orange. Mais nous sommes solidaires avec nos amis français pour lever cette sanction », a conclu Cesare Difrancia, le vice-président de l’ORTNB.
Navalona R.