C’est peut-être l’affaire de trop pour le régime du président Hery Rajaonarimampianina. Les révélations du Français Houcine Arfa sur la manière dont il a réussi à s’évader de la Grande Ile ont provoqué un véritable séisme dans le monde politique malgache. Certains diront que c’est un scandale de plus qui éclabousse le pouvoir, mais cette fois- ci, ce dernier ne peut pas essayer de l’étouffer, puisque celui qui l’incrimine n’est plus sur le territoire national et qu’il affirme avoir des preuves solides entre ses mains. On peut même dire que c’est une affaire d’Etat parce qu’elle touche le cercle des dirigeants au plus haut niveau. Jusqu’à présent, ceux qui étaient nommément cités ont réfuté les dires de cet homme chargé de former la garde présidentielle, mais comme leurs dénégations ne sont, elles non plus étayées par aucune preuve, ce sont leurs paroles contre celles d’Houcine Arfa. La réaction du ministre de la Communication sur une radio privée a semblé maladroite et inappropriée et a provoqué un tollé dans la presse. Aujourd’hui, le silence embarrassé du chef de l’Etat et de son premier ministre montre qu’ils ne savent pas comment se dépêtrer de cet imbroglio. L’émission d’un mandat d’arrêt international n’est pour le moment qu’une réponse peu efficace au posé, puisque la France n’extradera pas son ressortissant. Des tractations doivent certainement avoir lieu pour mettre un terme à ce feuilleton qui risque d’ébranler un régime déjà affaibli par des dissensions internes. Houcine Arfa a affirmé qu’il veut seulement qu’on lui rende justice. Voilà où l’on en est aujourd’hui, mais cela ne redorera pas l’image du pouvoir qui est déjà en campagne pour la réélection du président actuel. C’est justement dans ce contexte que continue la série d’inaugurations destinées à lui redonner un certain crédit auprès de la population. Cette semaine aussi, on a appris qu’Antananarivo était la troisième ville la plus sale d’Afrique. Une distinction dont on se serait bien passé, mais qui nous met face à nos réalités. Une telle humiliation ne peut que nous pousser à nous mobiliser pour changer cette image négative de notre pays.
Sur le plan international, le bilan de la première année de présidence de Donald Trump apparaît assez contrasté. Ce que l’opinion internationale retient principalement, ce sont ses « tweets » dérangeants qui heurtent la sensibilité des citoyens du monde. Mais si on ne se limite pas à cette manière provocante de s’exprimer, on s’aperçoit que son administration a quand même réalisé certaines choses. Sur le plan économique, la situation n’est pas si mauvaise que cela ; La reprise est au rendez-vous. Les positions du locataire de la Maison Blanche en politique étrangère ont été très tranchées. Sa décision d’installer son ambassade à Jérusalem a été très critiquée, mais elle est aujourd’hui finalement acceptée par la communauté internationale. Ses menaces contre le dictateur nord- coréen ont mis en émoi cette dernière, mais elles ont finalement abouti à une reprise des pourparlers entre Pyongyang et Séoul.
En France, le président Emmanuel Macron et son premier ministre Edouard Philipe commencent l’année 2018 avec un certain regain de popularité. L’affaire Notre Dame des Landes a été enfin tranchée. L’annonce faite par le chef du gouvernement a été saluée par la grande majorité des hommes politiques et par l’opinion. L’abandon de la construction du nouvel aéroport et l’extension de celui déjà existant ont satisfait presque tout le monde. L’évacuation de la ZAD devrait être effective avant la fin du mois de mars.
C’est un nouveau coup de semonce qui est porté aujourd’hui au régime du président Hery Rajaonarimampianina. Jusqu’à présent, il avait réussi à user de tous ses pouvoirs pour étouffer tous les scandales ayant émaillé ce quinquennat. Nul ne sait comment il va arriver à se tirer d’affaire cette fois fois-ci. Il est en ce moment dans l’œil du cyclone au sens propre comme au sens figuré.
Patrice RABE