Les vocables importent peu, les dirigeants qui se sont succédé à la tête du pays essaient tant bien que mal de redonner un second souffle à leur mandat , de redorer leur image en recourant à des appellations. Didier Ratsiraka a eu recours à « La République Humaniste et écologique », Ravalomanana Marc à « La vision naturellement via le MAP (Madagascar Action Plan) et Rajaonarimampianina à ce pari de 2030….. Tous visent le développement du pays, à positiver la dynamique du futur.
Mais l’analyse montre une constante à travers ces « Républiques en marche » pour paraphraser le président français Emmanuel Macron. Tous les pouvoirs contemporains à Madagascar ont été ponctués de hauts et de bas. Les mathématiciens peuvent parler de courbes sinusoïdales à l’image du monstre écossais du Loch Ness où sur un lac calme de temps à autre apparaît un grand et long serpent dont régulièrement une partie émerge et une autre reste immergée sur sa longueur. Quand le pays a la tête hors de l’eau où les choses ont l’air d’aller mieux et qui se traduit par une relative forte croissance économique ( parfois plus forte que la moyenne africaine qui est la référence), que survient aussitôt une crise qui le plonge dans l’abîme du désordre et par conséquent de la pauvreté. A croire que la croissance nuit à la stabilité politique voire à un développement harmonieux. « La pire des tsarines, la plus puissante est la Famine » a-t-on dit quelque part, et certains dirigeants l’ont si bien compris que pour se maintenir au pouvoir, ils ont laissé s’installer une pauvreté structurelle (volontairement ?) parmi la population.
Mais pourquoi la création supplémentaire de richesses induit et conduit presque automatiquement à une crise socio-politique ? Parce que les inégalités socio-économiques sont exacerbées, les riches deviennent plus riches et le sont plus par rapport à une masse qui n’est pas forcément plus pauvre mais qui se sent moins concernée de l’enrichissement auquel elle pense avoir droit. Il faut avoir les yeux en face des trous pour voir qu’il faut distinguer entre ceux qui dirigent et les autres (se référer aux notions d’élites dans les précédentes chroniques). Elles ont acquis un pouvoir et choisissent, volontairement ou involontairement, d’accentuer les inégalités déjà existantes. Il suffit de rappeler les accaparements dans le foncier, dans le monopole des produits de rente, les injustices quant à l’accès à des postes publics ou des emplois dans le secteur privé, les différenciations en matière de santé entre celui qui peut payer et celui qui ne le peut pas, le transport dit en commun sans sécurité laissé aux mains de véritables réseaux se souciant que très peu du confort et de la sécurité des passagers, etc. La différenciation du « Grand » sur le « Petit » s’installe de fait et elle est en plus amplifiée par les radios-trottoirs, les réseaux sociaux devant lesquels même les organes d’Etat de communication les plus objectifs restent impuissants.
La solution, diriez-vous ? Une forte volonté politique de redevabilité c’est-à-dire rendre compte de tous les engagements entrepris.
M.Ranarivao