La tuerie du 7 février semble bien lointaine pour l’ensemble de la classe politique et le parti pris de ne pas réveiller ces douloureux souvenirs, semble partagé par les acteurs de l’événement. Le régime en place depuis 2013, n’a pas fait de cérémonie officielle de célébration et a fortiori cette année, Andry Rajoelina ne semble pas vouloir raviver des passions encore très vives et Marc Ravalomanana, évidemment, ne se sent aucunement concerné par ce drame dont on l’accuse. Tout le monde semble vouloir jeter un voile pudique sur ce « carnage » au grand dam des parents des victimes désireux de ne pas être oubliés.
Le 7 février ou le réveil de souvenirs cuisants
L’histoire de Madagascar est jalonnée de tueries et de massacres que l’on considère comme des péripéties. Il y a eu notamment 1001. Les dizaines de morts de la marche sur Iavoloha le 10 août, 27 ans après, presque personne n’en parle. Plus près de nous, la tuerie du 7 février est encore très présente dans les esprits, mais le déroulement des faits est sujet à de multiples contradictions. Un jugement contesté par ceux qui ont été condamnés a été rendu, mais il n’a pas été exécuté. Les membres de l’association AV7, représentant les victimes, n’ont cessé de réclamer justice, mais n’ont pas eu jusqu’à présent gain de cause. Aujourd’hui, ils reviennent à la charge. Apparemment, ils ont trouvé une oreille favorable pour les écouter. Certains en profitent pour blâmer l’ancien président de la Transition qu’ils accusent de les avoir oubliés. Ces reproches semblent tomber à point nommé pour gêner celui qui est un des principaux adversaires du régime. On pourrait dire que c’est de bonne guerre, mais on ne peut s’empêcher de se sentir mal à l’aise devant ces critiques qui sont lancées pour gêner ce candidat à l’élection présidentielle. Néanmoins, l’opinion semble peu réceptive à cette offensive tendant à déstabiliser l’ancien président de la Transition. Les Malgaches semblent plutôt se préoccuper du présent et pensent avant tout, aux difficultés auxquelles ils sont confrontés. Le 7 février, c’est après demain et on verra bien comment sera commémorée cette date qui a marqué une étape de l’histoire du pays.
Patrice RABE