Il est tombé dans un traquenard, le 11 février 1975 et 43 ans après, son testament politique est un legs pour la postérité. Richard Ratsimandrava laisse le souvenir d’un grand homme d’Etat qui avait un sens aigu du devoir. En ce début du XXIe siècle, la génération d’hommes politiques qui ambitionne de diriger le pays semble avoir dévié de la voie qu’il avait tracée.
L’exemple de Richard Ratsimandrava a peu de chances d’être suivi
Autre époque, autres pratiques politiques, serait-on tenté de dire en parlant du milieu de la deuxième décennie des années 2000. Le pays est aujourd’hui gangréné par la corruption et sa population vit très mal cette dégradation des mœurs qui se transforme parfois en barbarie. Le colonel Richard Ratsimandrava avait voulu instaurer une société malgache où les valeurs d’entraide et de respect devraient régenter les relations. Il voulait que soit institué le « fokonolona ». Ses idées auraient permis de mettre en place un système politique original, mais elles ont contrarié des intérêts qui ne pouvaient pas être remis en cause. La population, alors, avait adhéré à la philosophie de l’homme d’Etat, mais son assassinat a mis un coup de frein brutal au processus qu’il avait initié. La période troublée qui suivit a totalement chamboulé l’équilibre déjà installé. Le régime socialiste instauré durant la deuxième République a perverti la philosophie du « fokonolona » de Richard Ratsimandrava. On sait ce qu’est devenu le socialisme démocratique, rejeté par la population et le revirement idéologique à la fin des années 80. Les manifestations de 1991 ont eu raison du régime du président Ratsiraka. Ceux qui lui ont succédé ont dérapé et laissé s’installer les combines politiques et la mauvaise gouvernance. Le président Marc Ravalomanana s’est engagé dans la voie d’une sorte de despotisme éclairé, mais son autoritarisme et les abus qu’il a faits ont entraîné ce soulèvement populaire suivi de ce coup d’Etat d’Andry Rajoelina. Le régime de la Transition n’a pas permis de restaurer les libertés démocratiques que la population appelait de ses vœux. L’accession d’Hery Rajaonarimampianina à la magistrature suprême n’a fait qu’empirer une situation déjà dramatique. Aujourd’hui, les Malgaches sont totalement désabusés et pour le moment, ils ne voient poindre aucun espoir de changement. L’exemple laissé par Richard Ratsimandrava n’inspire aucun des hommes politiques actuels.
Patrice RABE