
Se faisant au vu et su de la société malgache, l’avortement constitue un fléau qui semble être accepté par tous malgré les dégâts qu’il peut provoquer.
«Avortement, parlons-en!». C’est dans ce thème qu’à été initiée une rencontre débat relative à la question de l’avortement au Librairie-Café Mille Feuilles Behoririka hier. Débat, passionnant et objectif qui s’est consacré sur tous les points qui fâchent (du point de vue social, juridique, anthropologique) concernant le problème et qui s’est tenu dans une salle occupée par une assistance majoritairement féminine. Sûrement parce que les femmes sont – de la conscience collective – les premières responsables. À cet effet, l’évènement a permis de savoir que «le manque de moyen financier pour prendre en charge les enfants constitue la première cause qui incite les femmes et jeunes filles à recourir à l’avortement». Lovatiana Andiamboavonjy, interne en médecine et intervenante lors de la rencontre d’apporter quelques statistiques sur la réalité de l’avortement enregistré au CHU Joseph Raseta Befelatanana. Le fait que le problème concerne toutes les tranches d’âges L’interne en médecine d’expliquer que selon «une étude effectuée entre 2011 et 2012, 56% des patients venus pour des cas de complications sont compris entre 15 et 24 ans. Et que les femmes de plus de 35 ans représentent les 17,9% des patientes enregistrées».
Non sécurisé. La rencontre a également permis d’avoir des informations sur le fait que bon nombre des avortements effectués se font dans des conditions non sécurisées. Lovatiana Andriamboavonjy d’abord de noter que «80% des femmes enregistrées à l’hôpital Befelatanana ont avoué ne pas pratiquer de méthode contraceptive». Les chiffres sont encore effarants concernant les moyens utilisés par les femmes pour interrompre volontairement leur grossesse. La même étude révèle que «47,44% des femmes ont recours au misoprostol (un médicament prescrit pour traiter les douleurs gastriques), 41% d’entre elles ont recours à des gestes endo utérin (curetage, utilisation de sonde ou autre). Par ailleurs, seulement «41,03% des femmes qui ont avorté ont demandé les services des professionnels de santé». Il est par ailleurs à noter que les risques de complication sont élevés. Lesdits risques sont connus par les femmes et jeunes filles, mais ne les empêchent pas de recourir à l’avortement. Si bien que «l’avortement cause 7,69% des décès maternels». Il convient toutefois de noter que les chiffres cités ci-dessus ne sont nullement représentatifs de la réalité dans la Grande-Île. Beaucoup de cas ne sont pas signalés et rapportés dans d’autres régions et hôpitaux du pays. Fléau nuisant l’avenir des jeunes filles et femmes, l’avortement concerne également les hommes qui sont dans la majeure partie des cas les instigateurs.
José Belalahy