Le système social n’est pas comme une horloge que l’on secoue pour que des fois on entende de nouveau le tic-tac. Cependant, bien des fois, en examinant de près l’organisation sociale, un petit rouage défaillant peut enrayer tout le système. Que de fois n’entend-on pas dire qu’il y a pléthore de fonctionnaires, que le pays est sous administré (les fantômes n’en sont qu’un des symptômes !). Où est la part de vérité dans cette pauvreté ambiante. Il n’y a pas que la répartition inappropriée des moyens financiers qui est en cause. Trop de personnel dans la fonction publique, c’est à vérifier, ce qui est sûr en tout cas, est la mauvaise répartition des ressources humaines de l’administration. Cette défaillance, ce gaspillage du capital humain est visible partout et dans tous les départements. Par exemple, dans l’enseignement, tout le personnel s’agglutine dans la capitale quitte à être sous employé alors qu’à 20 kilomètres, il y a un manque crucial d’enseignants tant et si bien que les élèves sont désœuvrés. Il en est de même dans une proportion semblable dans les ex-chef lieux de province. La vision des générations futures dans les contrées lointaines ne peut être ainsi que plus qu’illusoire.
Et pourtant, une simple pièce coince tout le système, il suffit qu’on la réhabilite, qu’on la graisse et que toute la machine administrative remarche et remplisse son rôle. La pièce s’appelle « AFFECTATION », mais curieusement le terme est introuvable dans le « Statut Général des Fonctionnaires », celui issu de la LOI n° 2003-011 de 2013 où on trouve les droits et les devoirs des agents de l’Etat. Il est loin le temps où le fonctionnaire affecté ne pouvait pas avoir même un poulailler parce qu’après trois années de séjour, il n’avait que quinze jours pour remballer tout et déménager vers son nouveau lieu de travail. Maintenant, on s’installe à vie de préférence dans une grande ville de sa date de nomination jusqu’à la retraite, on s’y déclare inamovible, et l’on peut ouvrir un épi bar pour madame ou avoir un taxi-be etc. Bref y investir pour des années durant. Pendant ce temps, les relations de pouvoir tissées, favorisent la corruption et les trafics d’influence. Bien sûr, les excuses ont bon dos et l’on invoque l’absence de bonnes écoles pour les enfants ; de centres de soins adéquates et sans compter le refrain toujours répété du manque de moyens logistiques de l’Etat (logement de fonction -demandez à qui de droit ce qu’il en a fait- des moyens de transport, les 4×4 des hauts employés sont insuffisants…). En ces périodes électorales, il sera question comme d’habitude de fédéralisme, de décentralisation effective concepts aussi vite oubliés une fois les élections achevées parce que le mot AFFECTATION deviendra tabou, sauf pour celle forcée dénommée disciplinaire et tant pis pour les isolés-oubliés.
M.Ranarivao