
Les aléas climatiques ont eu d’importants impacts sur la performance de Madagascar, dans le processus de développement économique. Pour cette saison, les cyclones ont encore laissé un lourd bilan.
Une reprise économique lente et vulnérable aux chocs macroéconomiques et climatiques ! C’est par ces termes que le Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) décrit le cas de Madagascar, dans son rapport « Perspectives économiques 2018 ». En effet, la sécheresse, les cyclones et les inondations sont les risques qui menacent le plus la croissance économique de la Grande-île. « En raison de la faible modernisation de l’agriculture, le secteur primaire subit régulièrement les impacts négatifs des effets du changement climatique. En 2014–2016, la croissance économique moyenne du pays a donc été relativement modeste (3,5 %). Depuis lors, la performance économique a été encourageante avec une croissance de 4,2 % du PIB réel en 2016 et 2017. Sous l’impulsion des secteurs secondaire et tertiaire, elle devrait rester favorable, à 5,2 % du PIB réel en 2018 et 6 % en 2019 », a indiqué la BAD dans ce rapport.
Risques. Les chocs extérieurs, notamment les cours mondiaux des produits d’importation, sont des principaux pour la performance économique de Madagascar. Mais les aléas climatiques sont également plus menaçants. L’année dernière, la sécheresse et le cyclone Enawo a occasionné la perte de plus d’un point de croissance des Produits intérieurs bruts (PIB) réel. « Pour cette année, les perspectives économiques dépendront, en grande partie, de l’aptitude des autorités à mettre rapidement en œuvre les projets d’investissement structurant soutenus par les partenaires et à maintenir un environnement politique apaisé lors de l’élection présidentielle de 2018. Ce dernier risque pourrait provoquer un certain attentisme du secteur privé en 2018 », ont expliqué les économistes de la BAD. Du côté de l’Administration publique, les prévisions sont prometteuses si l’on se réfère aux différentes déclarations qui indiquent de bonnes récoltes rizicoles. Et pourtant, les deux cyclones qui ont déjà frappé la Grande-île depuis le début de l’année, ont laissé de lourds dégâts au niveau de l’agriculture. D’après les météorologues, deux autres cyclones pourraient encore passer jusqu’à la fin de la saison.
Prévisions. Tout comme dans le secteur privé, les aléas climatiques engendrent d’importantes augmentations au niveau des dépenses publiques, soit 71 millions USD ou plus de 227 milliards d’Ariary de plus, en 2017. Outre la réhabilitation des infrastructures publiques, les dégâts du cyclone Enawo ont obligé l’Etat à accorder 200 milliards d’Ariary de subvention supplémentaire à la JIRAMA, en 2017, pour combler le gap de production hydroélectrique par rapport à la demande. Ce même scénario pourrait-il se reproduire avec les dégâts cycloniques actuels ? Une Mission du FMI (Fonds Monétaire International) est actuellement dans la Grande-île pour évaluer ces différents risques, qui pourraient changer l’allocation des ressources de l’Etat. D’après les informations, une déclaration est attendue le 28 mars prochain où la délégation du FMI présentera avec le Ministère des Finances et du Budget, les grandes lignes des résultats de l’évaluation. Celles-ci concernent l’exécution du Programme économique durant le second semestre 2017, et également les nouvelles perspectives pour cette année.
Réformes. Néanmoins, les partenaires techniques et financiers indiquent pour Madagascar, une amélioration au niveau des finances de l’Etat. Cela concerne la poursuite de l’augmentation des recettes budgétaires et l’amélioration de l’efficacité des dépenses, qui devraient contribuer à accroître l’espace budgétaire en faveur de l’investissement public. En effet, les dépenses d’investissement devraient atteindre 10 % du PIB contre 8 % en 2017, et les dépenses courantes se contractent à 10 % du PIB en 2018 contre 12 % en 2017, d’après les prévisions établies par la BAD. Par ailleurs, la disponibilité des financements extérieurs est également favorable à l’économie pour cette année. L’amélioration de la capacité d’absorption reste un grand défi pour les dirigeants, qui ont toujours du mal à présenter suffisamment des projets à financer après les grandes promesses de financements obtenues à la Conférence des bailleurs et des investisseurs en décembre 2016.
Antsa R.