
Le jet privé devant amener l’homme fort du Mapardans la capitale du Boeny, n’a pas obtenu une autorisation de vol de la part de l’ASECNA sur ordre de l’ACM. Ce qui l’a amené à se rabattre sur le vol régulier d’Ewa Air qui assure la liaison Tana – Mahajanga – Mayotte.
Une fois à bord, il a été débarqué de l’appareil avec son épouse et ses trois enfants quoiqu’ils aient été munis de titres de transport en bonne et due forme. L’ancien président de la Transition de rapporter que « c’est le président de la République qui a donné l’ordre au gouvernement de faire descendre les passagers et d’annuler carrément le vol ».Pour la énième fois, le régime HVM a foulé au pied l’Etat de droit dont l’instauration est prévue dans le Préambule de la Constitution. Celle-là même que le président de la République avait juré de respecter lors de son investiture le 25 janvier 2014.
Lettre morte. Quatre ans et deux mois après, force est de constater que c’est loin d’être le cas. A l’image de la Haute Cour de Justice qui n’est pas toujours mise en place au mépris de l’article 167 de la Constitution qui dispose que « Afin de respecter le prescrit constitutionnel, le président de la République, dans un délai de 12 mois à compter de son investiture, invite les instances compétentes à désigner les membres qui composent la Haute Cour de Justice afin de procéder dès l’expiration de ce délai, à l’installation de la Haute Cour de Justice. Toute partie justifiant d’un intérêt peut saisir les institutions compétentes de demande de sanction en cas de carence ».Jusqu’à présent, ces dispositions constitutionnelles sont restées lettre morte.

Droit de circuler. C’est aussi le cas des dispositions de l’article 12 alinéa 2 qui stipule que « Tout individu a le droit de circuler et de s’établir librement sur tout le territoire de la République dans le respect des droits d’autrui et des prescriptions de la loi ».Et ce, dans l’esprit et la lettre de l’article 7 qui édicte que « les droits individuels et les libertés fondamentales sont garantis par la Constitution et leur exercice est organisé par la loi ». C’est dire que les mesures prises hier contre AndryRajoelina et sa famille sont manifestement inconstitutionnelles ou plutôt anticonstitutionnelles. Elles sont aussi en contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui prévoit en son article 13 1.que« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat ».
Sursis à exécution. Le pays fait du reste sienne, la Charte Internationale des droits de l’Homme, tel qu’il est précisé dans le Préambule de la Constitution qui consacre « l’instauration d’un Etat de droit en vertu duquel les gouvernants et les gouvernés sont soumis aux mêmes normes juridiques, sous le contrôle d’une Justice indépendante ».Cette dernière s’étant exprimée hier à travers le Tribunal Administratif de Mahajanga qui a ordonné le sursis à exécution de suspendu la décision d’interdiction de la manifestation de la Commune urbaine de la Ville prise par le représentant de l’Etat en la personne du Préfet. Un Etat mauvais perdant qui a tout fait pour saboter le déplacement de l’ancien président de la Transition, en usant et abusant de tous les moyens. Fussent-ils contraires à la loi fondamentale qui spécifie pourtant que « le non- respect de la Constitution ou sa révision en vue de renforcer le pouvoir des gouvernants au détriment des intérêts de la population sont les causes des crises cycliques ». Une population qui a attendu Rajoelina hier à Mahajanga. Vainement mais pacifiquement.
Retour de la dictature. « Je me rendrai coûte que coûte à Mahajanga », a fait savoir hier AndryRajoelina. Tout particulièrement à l’adresse de la population locale « déçue » par le fait qu’il n’ait pu venir. En tout cas, l’homme fort du Mapar est loin de s’avouer vaincu. « Le plus faible essaie toujours de démontrer qu’il est le plus fort… », a-t-ildit en malgache. Faisant allusion au prénom du président de la République pour ajouter que « personne ne peut rester indéfiniment au pouvoir ».Et de dénoncer dans la foulée « le retour de la dictature »dont il a fait hier les …frais. Y compris de transport. Même topo pour les quelque 60 passagers qui ont été débarqués arbitrairement de l’avion alors que bon nombre d’entre eux devaient se rendre à Mayotte. Sans compter ceux qui attendaient à Mahajanga. Pour celui qui voulait présenter son « Initiative pour l’Emergence de Madagascar » dans la Cité des Fleurs, « c’est le pouvoir qui veut provoquer des troubles, mais la population n’est pas tombée dans le piège », a-t-il fait remarquer. « Nous ne voulons pas d’affrontement », a-t-il ajouté. Il en veut pour preuve le meeting à Ambilobe qui s’était déroulé sans anicroche, en dépit de la foule venue nombreuse, comme cela a été le cas hier à Mahajanga où un raz-de-marée orange s’étalait de l’aéroport jusqu’en centre ville, à tel point que le régime HVM en était …bleu.
- R.O