
Comme à l’accoutumée, l’hôtel de ville d’Analakely sera certainement quadrillé par les forces de l’ordre dès vendredi soir.
Au summum. La tension politique est très élevée en ce moment. Le risque d’affrontement n’est pas à écarter samedi prochain avec la manifestation que les députés issus du « Miaraka Amin’i Prezida Andry Rajoelina », ceux du « Tiako i Madagasikara », ainsi que les parlementaires indépendants envisagent d’effectuer devant l’hôtel de ville à Analakely. Une manifestation que le Préfet de Police d’Antananarivo, le Général Angelo Ravelonarivo considère comme « un acte de déstabilisation pure et simple ». « Que fera Raholdina à Analakely alors qu’il est élu dans le Ve Arrondissement », se demande le patron de l’OMC qui soupçonne les parlementaires de l’opposition de vouloir fomenter un « sakoroka » à Tana. Nul n’ignore pourtant que les membres de la Chambre basse sont appelés « Députés de Madagascar », leur compétence ne se limite donc pas uniquement au niveau de leur circonscription électorale respective. D’ailleurs, l’article 208 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale autorise les députés à effectuer un compte-rendu auprès de leurs électeurs à chaque fin de mandat.
Flagrant délit. Hier, le Préfet de Police a déclaré que « ¾ de la foule qui sera présente sur la place du 13 mai samedi prochain sont des casseurs qui ne chercheront qu’à vandaliser les magasins et piller les maisons ». Face aux risques, l’Organe Mixte de Conception (OMC) décide de réquisitionner les forces de l’ordre et menace d’intervenir si les députés persistent à effectuer leur meeting. A l’issue de la réunion de l’OMC qui s’est déroulée hier à Tsimbazaza, le Général Angelo Ravelonarivo a réitéré qu’ « aucune réunion publique ne pourra se tenir à Tana ». « Le parvis de l’hôtel de ville étant une voie publique, cette manif ne sera donc pas autorisée », a-t-il lancé. Cet Officier Général brandit même une menace d’arrestation contre les parlementaires TIM et MAPAR. Selon ses dires, « leur présence à cette manifestation non autorisée constitue déjà un flagrant délit, il n’est donc pas nécessaire de demander une levée de l’immunité parlementaire auprès du Bureau permanent de l’Assemblée nationale ».
Frappée d’irrecevabilité. Il a aussi évoqué ses 14 années d’expériences au niveau de la Force d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (FIGN). « 14 ans de Force d’Intervention ilay bandy… Chaque fois qu’il y a eu une manifestation publique, j’ai toujours été le premier largué sur le terrain ». Une manière d’exprimer sa détermination à aller jusqu’au bout de son engagement. Hier, le Préfet de Police, le Général Angelo Ravelonarivo a refusé de recevoir la lettre déposée par une délégation du TIM et du MAPAR qui était venue à Tsimbazaza pour aviser la Préfecture par rapport à leur projet de compte-rendu. Le Préfet de Police de rappeler que les textes prévoient une demande d’autorisation et non une lettre. Pour enfoncer le clou, le numéro Un de l’OMC d’affirmer qu’une éventuelle demande d’autorisation des députés MAPAR, TIM et indépendants sera désormais frappée d’irrecevabilité car d’après les textes sur les manifestations publiques, la demande doit être déposés cinq jours avant la date prévue.
73 députés. Quoi qu’il en soit, la déclaration tenue hier par le Général Angelo Ravelonarivo s’apparente comme une mise en garde à peine voilée contre les Guy Rivo Randrianarisoa, Maître Hanitra Razafimanantsoa, Naivo Raholdina, Lanto Rakotomanga, Rahasimanana Paul Bert (Rossy) et consorts. Faut-il rappeler que mis à part les 11 députés élus au niveau des six arrondissements d’Antananarivo, les autres députés qui ont dit non au vote des lois électorales à l’Assemblée nationale seront également présents à Analakely ce samedi. Ils seront 73 députés au total. Bon nombre d’observateurs accusent désormais la Préfecture de Police d’Antananarivo de faire un deux poids deux mesures. Faut-il rappeler que le député élu dans l’Atsimondrano, Jaona Randriarimalala alias Jaona Elite, connu et reconnu comme étant un fervent défenseur des intérêts du régime HVM, a été autorisé à organiser un meeting à Tanjombato le 11 avril dernier. Ce dernier a pu rassembler ses partisans sur un lieu public, sans aucune intervention des forces de l’ordre. Ce deux poids deux mesures risque de remettre en cause la crédibilité de l’Organe Mixte de Conception en général et la Préfecture de Police en particulier.
Affrontement. En tout cas, l’on s’achemine vers la logique de l’affrontement car de leur côté, les députés TIM, MAPAR et indépendants refusent de faire machine arrière. Malgré les menaces d’arrestation, ils seront présents à Analakely samedi. « Nous n’avons pas besoin d’une autorisation pour effectuer un compte-rendu auprès de nos électeurs », a martelé le député de Tana V, Guy Rivo Randrianarisoa. Ce jour, ce sont les parlementaires de l’opposition élus à Ambositra qui envisagent de rencontrer la population locale. Une demande d’autorisation a déjà été déposée par le député Razakamady. Pour l’heure, la Préfecture de Police n’a pas encore donné sa réponse. La question est donc de savoir jusqu’où peut aller le régime HVM pour empêcher les manifestations de l’opposition. Histoire à suivre.
Davis R