
Sylvain Rabetsaroana, ancien sénateur de Madagascar et ancien candidat à la présidentielle de 2013 sort de son silence. Il ne s’exprime pas pour envenimer davantage le climat politique déjà tendu, il « met en garde » contre les éventuelles voire probables crises pré et postélectorales qui se dessinent, car pour lui, « nous entrons dans une logique d’affrontements et de transition ».
Et cette situation est loin de sidérer l’opinion publique en général. C’est l’esquisse d’une crise cyclique qui se redessine, un régime en perdition qui vire vers l’autoritarisme, ne tolérant point la démocratie qui, pourtant, est le fondement de la République. Sur ce point, Sylvain Rabetsaroana a son mot à dire. « La logique d’affrontement sera inévitable en 2018 avec les agissements du pouvoir actuel. Notre situation démontre des politiciens à « géométrie variable » depuis 30 ans guidés par l’intérêt personnel », lance-t-il. Mais quel genre d’agissements ? « Les lois électorales scélérates, l’interdiction de circuler, l’interdiction de se réunir, la pratique du deux poids deux mesures, le harcèlement de l’opposition, et la liste n’est pas exhaustive, font que le régime soit un régime pompier qui éteint les feux partout ».
Crises pré ou postélectorales. En conséquence, Sylvain Rabetsaroana veut que des mesures soient prises pour que, dans un premier temps, l’apaisement soit de rigueur, mais aussi et surtout, pour que les élections soient crédibles, transparentes et inclusives. « Il est certain que nous aurons une crise préélectorale, une transition ni-ni en sortira, dirigée soit par la société civile, soit par l’armée. Dans le cas où le pouvoir actuel gagne les élections, une crise postélectorale sera inévitable avec une transition dirigée toujours soit par la société civile, soit par l’armée », poursuit l’ancien sénateur. En ce moment, force est de reconnaître que ce sont les lois électorales qui provoquent des tensions un peu partout. Une situation qui doit être résolue définitivement par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). « La HCC est le rempart. De ce fait, elle doit rester neutre. Mais actuellement, tout est dénaturé », enchaîne-t-il.
Transition institutionnelle. Pour sortir de cette impasse, ou plutôt pour éviter que Madagascar ne sombre de nouveau dans une profonde crise, Sylvain Rabetsaroana propose la mise en place d’une transition. « Pour ma part, elle aura pour seul but d’organiser une élection libre et sereine pour permettre à tous nos concitoyens de voter dans un contexte pacifique auquel Madagascar mérite tant ». A titre de précisions, cette transition ne sera pas dirigée par les politiciens égocentriques mais « par des techniciens », souligne-t-il. De surcroît, estime-t-il que « le régime a atteint ses limites ».
Démocratie et apaisement. Par ailleurs et toujours dans cette même optique, Sylvain Rabetsaroana a également émis son avis par rapport à la journée du 21 avril où les députés Tim et Mapar prévoient de rendre des comptes à la population devant l’Hôtel de Ville Analakely. Rappelons au passage que cette manifestation est interdite par le Préfet de Police d’Antananarivo. « C’est leur devoir de présenter un rapport aux électeurs. Laissez les gens manifester ! », prévient-il. Mais ce n’est pas tout. « Laissez les gens se présenter aux élections. Où est la démocratie ? », rajoute-t-il. Une façon à lui de dénoncer le caractère « éliminateur » des nouvelles lois électorales et les conséquences inhérentes. « Je ne veux plus d’incendie ni de putsch. Il faut que les candidats soient mis sur le même pied d’égalité et que les lois électorales garantissent l’égalité de chances entre eux », conclut-il.
Aina Bovel