C’est un nouveau tournant de son histoire politique que Madagascar va vivre aujourd’hui. Nul ne sait quelle sera la tournure des événements qui vont avoir lieu ce samedi 21avril. Mais ce sont deux volontés qui vont s’opposer : celle du régime décidé à ne pas se laisser défier et celle d’une opposition voulant faire entendre sa voix. Cette fois-ci, ce n’est pas une manifestation insurrectionnelle puisqu’il s’agit du droit légitime des députés, à savoir faire un rapport à leurs électeurs. Le régime, comme il l’a fait à plusieurs reprises, a décidé d’empêcher ce mouvement de contestation pouvant lui nuire. Si l’on s’en tient aux dispositions prises par les autorités, les parlementaires et leurs électeurs ne pourront pas accéder au parvis de l’Hôtel de Ville. Comme ils sont décidés à y accéder coûte que coûte, le risque de débordement est réel. L’atmosphère est lourde et on sent une tension qui ne demande qu’à s’exprimer. Cette logique de confrontation ne doit pourtant pas être considérée comme une fatalité. Il suffirait d’un léger infléchissement de l’attitude des forces de l’ordre. Les menaces brandies par les autorités et la détermination des parlementaires ne militent pas pour cet apaisement tant espéré. La vie de la population est suspendue à ce qui va se passer aujourd’hui. Cette dernière balance entre crainte et détermination.
Sur le plan international, c’est la situation au proche orient qui retient l’attention de tous les médias. Après l’action militaire entreprise par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, la position de la Syrie s’est raidie. Elle continue à nier farouchement les accusations des occidentaux. Les experts, envoyés par l’ONU et chargés de mener une enquête sur lieux de ces gazages, n’ont pas la tâche facile. Les Syriens et les Russes sont soupçonnés de faire disparaître toutes les preuves existant sur place. En France, l’idée a été lancée de retirer à Bachar Al Assad la légion d’honneur qui lui avait décernée par le président Jacques Chirac. Le Raïs syrien a pris les devants en rendant lui-même la distinction.
La tension est très vive à la frontière entre Israël et Gaza. Cette quatrième semaine de manifestation des Palestiniens de Gaza se déroule dans une atmosphère de guerre larvée. L’armée israélienne est décidée à tirer sur les manifestants. Cela n’entame en rien la détermination des hommes et de femmes qui demandent à l’Etat hébreu de les laisser revenir sur la terre de leurs ancêtres. L’union européenne appelle les soldats israéliens à faire preuve de retenue.
C’est une page de l’histoire qui est en train de se tourner à Cuba avec le départ de Raül Castro de la présidence. Il clôt ainsi soixante de présence de la famille Castro à la tête de l’Etat. Il avait succédé à son frère Fidel, le leader maximo, en 2008. L’île avait commencé à jouir d’une certaine aisance après la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis sous la présidence de Barrack Obama. C’est un de ses fidèles collaborateurs, Miguel Diaz Canel qui lui succède et qui affirme vouloir continuer son œuvre.
En France, le président Macron et son Premier ministre sont confrontés aux nombreuses grèves qui se sont déclenchées ces derniers temps. Alors que l’évacuation des zadistes de Notre Dame des Landes se déroule plus difficilement que prévue, la grève de la SNCF, le blocage de certaines universités ou la grogne des avocats et des magistrats à propos de la réforme de la justice, provoquent un certain malaise au plus haut niveau de l’état. Mais le président de la république continue à faire preuve de pugnacité et entend bien continuer son programme de réformes.
Aujourd’hui, serait-ce le temps de la confrontation ou celui de l’apaisement ? On a l’impression de revivre un épisode du passé. Les Malgaches n’ont pas envie de retrouver ces périodes troubles qu’ils ont déjà vécues. C’est un samedi inquiétant qui s’annonce. Madagascar est de nouveau à la croisée des chemins..
Patrice RABE