
La situation a failli virer au sakoroka hier devant le siège de la BICM à Soarano.
Le personnel et les clients de la BICM l’ont attendu hier. Mais finalement, Mme Randriambelomanana Rivoharisoa, liquidateur nommé pour prendre en main la destinée de la BICM n’est pas venue. Cet expert comptable, Directeur Général du cabinet CGA devient en effet la seule personne habilitée à communiquer notamment avec les clients de la BICM. Des clients qui, une fois de plus étaient venus en masse hier devant le siège de la BICM à Soarano pour réclamer justice. Et le ton était monté hier en raison du fait que plusieurs minutes après leur souhait de rencontrer un responsable de la banque, personne n’était venue leur parler. « C’est de l’escroquerie, du vol autorisé ! Pourquoi on ne nous a pas prévenu à temps, pour que nous puissions retirer notre argent » clament les clients.
Pris de court. Dans le bureau du Directeur Général de la BICM Emile Nicholas Delmote, une cellule de crise prépare un communiqué de presse (voir communiqué de la BICM en page 4) pour informer le public notamment la clientèle concernant la situation de la banque. « La CSBF nous a interdit de communiquer mais j’ai décidé de prendre mes responsabilités car le public et les clients ne doivent pas rester dans l’ignorance » lance le DG de la BICM qui déclare également avoir été pris de court par la décision de retrait d’agrément prise par la CSBF. « Cette décision de retrait d’agrément datée du 26 février 2014 n’a été notifiée à la banque que le 25 avril 2014 ». L’on sait que par la suite les requêtes demandant sursis à exécution et l’annulation du retrait d’agrément ont été rejetées par le Conseil d’Etat. Du coup, la BICM entre actuellement dans la phase de liquidation judiciaire.
Voie de recours. Face à cette situation, les clients de la banque ont décidé d’agir. « Nous demandons qu’on sanctionne les fautifs et que surtout l’on procède au paiement de notre argent » ont réitéré hier ces clients dont la vie et les activités sont compromises par cette fermeture de la BICM. Ces clients envisagent par ailleurs d’agir en justice pour préserver leurs intérêts. Sur ce point, en tout cas, la voie de recours envisageable pourrait consister en une demande de rétractation de l’ordonnance de nomination du liquidateur. Par ailleurs, les actionnaires de la banque peuvent saisir le ministère de la Justice en vue d’un pourvoi dans l’intérêt de la loi (PIL) qui peut ordonner au Procureur Général de la Cour Suprême à casser la décision de retrait d’agrément. En somme, les voies de recours ne sont pas encore épuisées pour les clients et les actionnaires de la BICM dont la chance de redressement n’est pas encore totalement compromise.
Recapitalisation. En effet, malgré les magouilles et autres fautes graves de la part des dirigeants qui se sont succédés à la tête de la BICM, cette dernière demeure encore viable. Ce d’autant plus que le milliardaire chinois Hu Chi Ming, l’actionnaire majoritaire de la BICM serait encore disposé à procéder à la recapitalisation de la banque exigée par la CSBF. « Il nous a signifié clairement qu’il n’abandonnera pas la banque et qu’il est prêt à réaliser cette recapitalisation, mais avant cela, l’état financier 2013 doit être publié » selon toujours Nicholas Delmote le D.G de la BICM. Une petite lueur d’espoir, en tout cas pour la soixantaine d’employés de la BICM qui si la fermeture devient définitive pourraient se retrouver à la rue. « On a des familles à nourrir » lancent ces employés qui espèrent que les autorités compétentes, en premier le Président de la République et le Premier ministre puissent prendre les mesures qui s’imposent pour sauver la BICM, ses employés et surtout ses 3000 clients qui sont en majorité des simples déposants et des dirigeants de PME.
R.Edmond.