Hier, le Conseil d’Etat a tranché en faveur des trois fonctionnaires, objets d’affectations disciplinaires décidées par leurs supérieurs, suite à leur adhésion au mouvement de revendication mené par la solidarité des syndicats de Madagascar, ces derniers temps. Cette instance judiciaire chargée de statuer sur les conflits impliquant l’administration publique a prononcé la mise en sursis l’exécution de ces décisions d’affectation à l’issue de son audience d’hier.
Policiers de fonction, deux de ces fonctionnaires sont respectivement membres du syndicat des inspecteurs de Police et du Syndicat des brigadiers et des agents de Police. Ils étaient à la tête des policiers qui ont fait, le 24 avril dernier, une déclaration sur la Place du 13 Mai pour annoncer leur adhésion au mouvement populaire dirigé par « les 73 députés pour le changement » tout en disant haut et fort ne plus être disposés à recevoir des ordres allant à l’encontre des intérêts du peuple en arguant que la mission de la Police nationale est de défendre la population et ses biens. En effet, le Ministre de la Sécurité publique (MSP) a décidé d’affecter le premier à Ambatolampy et le deuxième à la direction générale de la Police nationale à Anosy. L’autre fonctionnaire a travaillé au Parc botanique et zoologique de Tsimbazaza (PBZT) en tant que chef de service, elle est membre du syndicat de cette institution relevant du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESUPRES). Chef de service dans ce parc, elle a été reléguée au poste de jardinier à cause de sa participation effective aux actions syndicales qui ne visent qu’à la recherche de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.
Requête en annulation. Venus nombreux à l’audience d’hier pour soutenir les requérants, des leaders syndicaux regroupés au sein de la Solidarité des Syndicats de Madagascar (SSM) ont tous déclaré être satisfaits de cette décision du Conseil d’Etat. «Il est prouvé maintenant qu’il ne faut pas minimiser la valeur et le rôle du syndicat vis-à-vis de l’Etat », a déclaré Faniry Ernaivo, présidente du Syndicat des Magistrats de Madagascar. Durant le procès, les juges ont reconnu que le fait de harceler ou d’intimider les syndicalistes dans l’exercice de leur mission est contre la bonne gouvernance et l’Etat de Droit. « Le Conseil d’Etat a reconnu que ces fonctionnaires sont victimes d’abus de pouvoir », explique-t-elle. Elle a pris comme exemple la non- exécution de décision judiciaire qui devient de plus en plus fréquente dans ce pays. C’est pourquoi, elle espère que cette fois-ci, les deux ministères concernés par le cas de ces fonctionnaires à savoir le MESupRES et le MSP ne commettront plus les mêmes erreurs. D’autant plus, la SSM estime que la victoire d’hier n’est qu’une étape. Le Conseil d’Etat devra encore statuer sur la requête en annulation de ces décisions d’affectation injustes que la SSM a déjà déposée.
T.M.