
Y a-t-il un policier dans les rues de Tana ? Cette question est devenue inévitable depuis que la gabégie s’installe dans la Capitale où tout le monde ne fait qu’à sa tête. Un laisser aller qui entraîne des bouchons comme pas possible alors que les voitures à Tana ne sont pas aussi nombreuses que dans les rues de Rome ou de Lagos ; où l’on opte pour la circulation alternée suivant le numéro de la plaque d’immatriculation.
Et si tout le monde est conscient de ce fameux « time is money » bien anglais qui ne traduit pas assez le principe de « le temps c’est de l’argent », il y a peu qui réagissent pour remettre tout le monde dans le droit chemin. Car dans la plupart des cas, les Malgaches ont le temps, mais malheureusement pas de l’argent. Mais ce n’est pas une raison pour faire fi des règlements en vigueur.
Nous avons donc réalisé un survol des points chauds de la Capitale pour montrer à quel point il suffirait de peu de chose pour éviter les embouteillages.

67 ha: Des rues à deux voies qui n’en font qu’une
Pour espérer aller plus vite, il faut tout simplement éviter les rues des 67 ha tout spécialement au niveau de l’EPP 67 ha Sud ou sur celle passant près du temps FLM, car cet axe à deux voies est devenu une rue presque à sens unique : le stationnement sur les deux côtés ou carrément en double file n’autorise que le passage d’une seule voiture.
Si on y ajoute la route qui mène vers Ankasina connue pour ses nids d’autruche à cause d’une canalisation défaillante et une eau stagnante, alors on devait se dire qu’il est préférable qu’on évite ces rues des 67 ha du côté ouest ; car c’est une perte de temps en raison des bouchons, mais également un passage dangereux pour les véhicules avec ces énormes trous.
La situation s’annonce compliquée, car c’est dans cette zone qu’on trouve les charrettes à bœufs alors qu’on a déjà un mal fou avec les charrettes à bras. Là où c’est révoltant c’est de savoir que la loi pour un accès réglementé de ces charrettes en tout genre dans les rues de Tana, de l’ère Philibert Tsiranana est toujours en vigueur. Allez donc savoir pourquoi nos braves policiers ou mieux les policiers municipaux ne réagissent pas, préférant jeter leur dévolu sur les camionnettes.
Les bus: Le temps aux arrêts
Pas de policier, donc un temps d’arrêt plus long là où il ne fallait pas. C’est le quotidien de nos bus dont certains ne prennent même pas la peine de bien se garer à l’endroit prévu à cet effet et occasionnant des bouchons énormes comme c’est le cas à Ankazomanga ou à Ambohimanarina et à Ambodifilao.
Un laisser aller qu’on ne voit pas dans les grandes villes du monde ; car en France comme en Allemagne, c’est une lourdefaute passible d’une grosse amende de vouloir boucher une rue.
On a pourtant aménagé des arrêts de bus pour garder la fluidité de la circulation, mais entre des chauffeurs et des chauffards, le pas est vite franchi.
Tsaralalàna : La loi des marchands de rue
C’est l’anarchie totale. Car depuis la grève, les rues de Tsaralalàna sont presque devenues des rues piétonnières dans la mesure où les marchands sont descendus pour occuper plus de la moitié de la chaussée. Une situation ingérable qui fait qu’il faut parfois mettre une demi- heure pour rallier Isotry à Analakely en passant par Tsaralalàna.
Et à partir du moment où les agents de la CUA font payer des taxes à ces marchands, ces derniers se sentent dans leur droit d’occuper la rue.
Moins chaotique, mais tout de même gênante, la circulation à Mahamasina subit aussi la loi des marchands de rue. Une situation qui engendre évidemment des embouteillages pour aller à Tsimbazaza.

« Easy Park » : Une situation qui fait des vagues
« Easy Park » est né pour, semble –t-il, réguler le parking à Tana. Une bien bonne chose en fait si son appétit boulimique fait qu’il fait des traçages partout où il ne devait pas. C’est le cas notamment sur la rue vers Antaninarenina, près de Roxy, où il s’est accaparé d’une grande partie de la chaussée pour rendre difficile la circulation dans les deux sens.
Et de fil en aiguille, on se demande de quel droit il a tout simplement supprimé le rond point d’Antsahavola pour mettre à la place ses traçages au grand dam des riverains qui ne peuvent même pas se garer à côté au risque de se faire sanctionner par une lourde amende de 35.000 ariary pour un « stationnement gênant ».
Sur ce chapitre d’ailleurs, qui a donné à « Easy Park » le droit de se substituer à la Police, la vraie, pour sanctionner et avec un tarif hors normes, le stationnement gênant et surtout avoir accès au dossier du Centre immatriculateur pour connaître l’adresse du contrevenant du moins si on peut appeler ainsi tout ceux qui ne se soumettent pas au dictat d’ « Easy Park ».
Ce n’est pas le nom d’un commissaire de Police figurant au bas de la lettre de sanction qui ferait qu’ »Easy Park » a tout le droit, car à partir du moment où le policier en question travaille pour un privé, il devait faire appel à ses collègues pour pouvoir sanctionner les voitures en stationnement gênant.
Les riverains d’Antsahavola, ceux qui sont sanctionnés régulièrement, car ils doivent payer chaque jour 1000 ariary en rentrant prendre le déjeuner, parlent aujourd’hui de porter l’affaire en Justice, car les prérogatives d’ »Easy Park » montrent tout simplement qu’il y une zone d’ombre avec non seulement les traçages qu’il fait, mais surtout ses tarifs exorbitants. « Nous aimerions surtout savoir dans quel cadre légal ‘Easy Park’ travaille », commente celui qui doit aujourd’hui payer des millions pour s’être stationné juste devant sa porte.
Car au moment de faire le bilan, Antsahavola se demande pourquoi « Easy Park » n’a pas récemment réussi à s’implanter à Ambodifilao avec une banderole dissuasive disant qu’ils n’ont pas besoin d’ « Easy Park ». Et ce n’est pas le premier revers, car il s’est fait débouter par les riverains d’Ankadifotsy et d’Ambondrona.
Un dialogue entre « Easy Park » et les « fokontany » est le bienvenu pour espérer dénouer une bonne partie de la crise, car tout comme les grosses sociétés ou les ministères qui possèdent des badges, il serait temps de voir de près la situation des riverains.
Enquête réalisée par Clément RABARY