
Le président national des Zanaka Avaratra réagit par rapport à la nomination d’un « Nordiste » à la Primature. Interview.
Midi : Que ressentez-vous quand un enfant du Nord remplace un autre à Mahazoarivo ?
Papa Soulé : « En tant que président national de Zanaka Avaratra, je suis ravi de cet hasard de la politique. C’est aussi pour moi en tant que citoyen de ce pays, un grand moment de soulagement car on a pu malgré tout, éviter les affrontements politiques inutiles. Je prends la responsabilité de féliciter ensemble ces deux natifs du Nord. L’un pour avoir accompli sa mission malgré la conjoncture sociopolitique et économique difficile. Et l’autre d’avoir été choisi pour gérer les affaires nationales dans la période très sensible pré et postélectorales ».
Midi : La nomination de Christian Ntsay a surpris bon nombre d’observateurs. Comment expliquez-vous ce choix d’en haut lieu ?
P.S. : « Il y a avant tout la Décision de la HCC, mais aussi les négociations politiques des acteurs majeurs qui tiennent compte de cette conjoncture politique difficile. A mon avis, Le nouveau Premier ministre remplit la condition primordiale de la neutralité car il n’appartient à aucune organisation politique. Cela veut dire qu’il peut représenter tout le monde malgré le fait que son nom ait été présenté par le MAPAR. Il sera cet homme idéal pour organiser les élections à venir qu’on veut être dénuées de toute suspicion de fraude et dont les résultats seront acceptés par tous ».
Midi : Malgré tout, les manifestations sur la Place du 13 mai font encore de la résistance.
P.S. : « On ne peut pas effacer en une journée les séquelles des discours enflammés de plusieurs semaines. On a mis quotidiennement la barre trop haut sur cette place mythique pendant plus d’un mois mais on ne peut pas, quoiqu’on dise et quoiqu’on pense, prendre en otage pour toujours la vie d’une Nation. Il faut savoir tout arrêter un jour. Les troubles politiques n’ont rien donné de bon pour ce pays et il faut qu’on continue à engager le dialogue jusqu’à ce qu’un terrain d’entente soit trouvé. Je suis sûr que le Premier ministre Christian Ntsay saura trouver cette voie d’apaisement une fois son équipe mise en place. Il ne faut pas oublier que, c’est un très grand technicien et un expert international enclin à l’usage et bienfaits du dialogue pour résoudre des problèmes épineux. Il incarne de facto le savoir-faire et la neutralité ».
Midi : Croyez-vous qu’on pourra aller sans encombre vers les élections ?
P.S. : « J’y crois fermement. Il y a d’autres pays d’Afrique qui ont connu des pires situations que nous, mais leurs dirigeants et leur population ont pu tout arrêter un jour et s’en sortir. C’était le cas de l’Afrique du Sud, du Mozambique et du Rwanda. Et pourquoi pas nous ? Nous ne sommes pas les damnés de la terre dans ce pays extrêmement riche. Il suffit d’avoir une volonté politique commune d’aller de l’avant et c’est tout. Ce n’est pas la mer à boire ».
Midi : Vous faites montre d’optimisme démesuré alors que bon nombre d’observateurs ne cachent pas leur inquiétude face au contexte socioéconomique et sécuritaire très difficile.
P.S. : « Je crois à la sagesse, au fihavanana et au patriotisme malagasy. C’est vrai, nous traversons en ce moment une période difficile et cela ne va pas s’améliorer du jour au lendemain. En revanche, tout un chacun doit être conscient que ce pays a trop souffert d’une instabilité politique chronique. Je fais appel au patriotisme bien enraciné en nous pour ne plus penser qu’à l’avenir du pays et aux générations futures. On a tout pour aller vers le développement socioéconomique, mais encore faut-il que nous sachions surmonter nos divergences pour dorénavant braquer ensemble nos regards que vers l’avenir ».
Propos recueillis par R. O