Le Premier ministre de consensus, Christian Ntsay, joue parfaitement son rôle de facilitateur dans le déblocage de la crise actuelle. Depuis sa nomination, il a reçu tous les protagonistes. Dans un premier temps, il a accueilli les « députés du changement » et les a écoutés attentivement. Hier, ce fut au tour des parlementaires favorables au régime. Il a donc maintenant une vision claire du rapport de force qui existe actuellement. Maintenant, il doit essayer de respecter le fragile équilibre qui s’est instauré après sa nomination.
Le rôle prépondérant du Premier ministre
Le Premier ministre a été choisi à cause de son profil. Ce fonctionnaire international a des compétences professionnelles reconnues et il n’est pas marqué sur le plan politique. Il a été nommé pour une mission précise : organiser les élections et faire en sorte qu’elles se déroulent librement et de manière transparente. Mais pour le moment, il doit s’atteler à la formation de son gouvernement. C’est une tâche particulièrement difficile, car il doit arriver à résister aux différentes pressions. Les « députés du changement » ne veulent pas être lésés lors du partage des postes ministériels. Ils s’en tiennent à l’arrêt de la HCC. Les ministres doivent donc, disent-ils, tous sortir de leur rang selon une clé de répartition précise. Les termes qu’ils utilisent sont précis : « Le Premier ministre a été choisi de manière consensuelle, mais il n’est pas question de consensus pour la formation du gouvernement ». Les partisans du régime veulent, quant à eux, faire prévaloir leur droit d’en faire partie. En les accueillant hier, le chef du gouvernement a parfaitement joué son rôle de facilitateur. Il a écouté les points de vue des députés pro-régime avec attention. Il n’est cependant pas entièrement maître des événements, car il doit tenir compte de tous les aspects du problème. C’est donc dans ces circonstances qu’il doit faire preuve de tout le doigté dont il est capable.
Patrice RABE