
Le professeur de Sociologie politique parle de quelques dates marquantes : 26 juin, 13 mai, 21 avril, 28 mai, 7 novembre et 19 décembre. Interview.
Midi : Que reste-t-il de la fête de l’Indépendance 58 ans après ?
André Rasolo : « La fête nationale du 26 juin nous fait remonter à l’esprit les étapes douloureuses et diplomatiques de la conquête de notre souveraineté. Celle-ci était non seulement le fruit des engagements de nos aînés qui étaient différents et même divisés, mais ils savaient œuvrer dans le sens de l’intérêt supérieur de la Nation. Elle était également le résultat des luttes des grands leaders du Tiers Monde, soutenus par des hommes politiques de l’Occident. 58 ans après, la souveraineté nationale ressemble à une « souveraineté formelle ». La majorité des Malgaches éprouvent aujourd’hui la mainmise des étrangers dans la conduite de nos affaires économiques et même politiques. La page de la colonisation est bel et bien tournée, mais une nouvelle forme de domination ouvre une nouvelle page ».
Midi : Comment voyez-vous le mouvement sur la Place du 13 mai ?
AR : « Les 73 députés pour le changement, soudés et inflexibles au départ, ont allumé le feu des militants sur la Place du 13 mai au lendemain du 21 avril 2018. Les syndicats et les grands corps de l’Administration dénoncent l’ampleur de la pauvreté, de l’insécurité, de la corruption et de la mauvaise gouvernance de l’Etat. Ils réclament un changement. Le mouvement a reçu un coup après la composition du nouveau gouvernement. Comme du riz en train de bouillir auquel on ajoute tout d’un coup de l’eau froide, le mouvement n’est pas stoppé, mais refroidi. L’application à l’envers de la décision de la HCC du 28 mai 2018 y était pour quelque chose. On dirait qu’à travers sa décision, le juge constitutionnel offrait un buffet au cours duquel les premiers servis ont tout ramassé. Ceux qui sont venus après se contentent de constater le vide et de rentrer chez eux. Un drôle de buffet au service « des plus forts » qui ne peut que provoquer pour les uns un sentiment d’humiliation et d’indignation et pour les autres une impression de supériorité et de suffisance. Rien ne doit plus nous étonner sous ce régime ».
Midi : Quid du CFM ?
AR : « Il n’est pas correct de ma part de juger publiquement le travail de mes amis du CFM. Mais j’ai toujours dit que tant que le CFM est perçu comme un instrument partisan, il est voué à l’échec ».
Midi : Quels sont vos commentaires par rapport aux dates de l’élection présidentielle ?
AR : « Premier tour le 7 novembre 2018, élection légèrement anticipée. Second tour le 19 décembre, élection en pleine saison de pluie, contrairement à la décision de la HCC. Nous sommes dans une période extrêmement sensible. Les deux courants opposés ont le mérite de nous exposer leurs points de vue pour nous éclairer. Madagascar ne peut plus endurer une nouvelle crise. Je suis persuadé que le Premier ministre de consensus en est conscient quand il nous rappelle avec insistance les conditions d’une élection « inclusive, propre, transparente et acceptée par tous ».
Propos recueillis par R. O