
Afin de réduire la dépendance vis-à-vis du bois énergie, un projet proposant une alternative consistant à fabriquer du biogaz à partir de la bouse de zébu vient d’être lancé à Ambilobe le mois dernier.
Le biogaz en remplacement du bois ou du charbon de bois, et réduire ainsi la déforestation en diminuant les pressions qui pèsent sur les ressources en bois. L’initiative promet une réduction conséquente de l’usage de bois et de charbon de bois, à l’origine de la déforestation, notamment dans la partie Nord de Madagascar. Un projet de production de biogaz destiné aux ménages ruraux et périurbains, vient d’être lancé à Ambilobe le 19 juin 2018. Le projet, dénommé « projet Biogaz DIANA », consiste à fabriquer du biogaz à partir de bouse de zébu et prévoit de doter 120 familles de biodigesteurs et au moins 500 ménages de foyers améliorés d’ici juin 2019. Il est co-financé à hauteur de 250 000 euros par le programme ENERGIES de la COI et par la fondation Aga Khan à hauteur de 350 000 euros.
Déforestation et risques sanitaires. Dans la région DIANA, 90% de la consommation énergétique proviennent du bois. Une dépendance au bois énergie qui n’est pas sans conséquences sur la santé et l’environnement. En effet, les fumées dégagées par les foyers utilisés pour la cuisson des repas à l’intérieur des habitations, affectent la santé des familles. Faut-il rappeler que 12.000 décès par an sont attribués à la pollution de l’air intérieur à Madagascar. Quant à l’usage du bois et de ses dérivés, notamment le bois de chauffe et le charbon de bois, cette pratique est à l’origine de la déforestation dans cette partie de la Grande île, dans la mesure où la région DIANA, affichant une demande de 730.000 tonnes de bois énergie par an, n’en dispose que 188.000 tonnes par an. Une situation expliquant sans doute le taux déforestation parmi les plus élevés du pays dans la région DIANA. La mise en œuvre de ce projet de fabrication de biogaz est une solution alternative permettant de redresser la barre.
Economiser. Deux types de biodigesteurs (à dôme flottant et à dôme fixe) sont proposés aux familles identifiées au préalable. Les biodigesteurs sont livrés avec un rice cooker, un double bruleur et une lampe fonctionnant au biogaz. En contrepartie, les bénéficiaires doivent fournir des apports en nature (matériaux de construction, main d’œuvre, etc.) et financiers. Ils doivent également posséder au moins 6 zébus pour alimenter les biodigesteurs et des champs agricoles pour l’épandage du digestat. Afin d’aider les bénéficiaires à assurer leur apport financier pour l’installation du biodigersteur, des groupes d’épargne communautaires ont été mis en place afin d’aider les bénéficiaires à économiser. En effet, même si les installations et équipements sont subventionnés à hauteur de 70 %, les investissements requis restent conséquents pour les bénéficiaires.
Efforts rentabilisés. Une fois le biodigesteur installé, il faut le remplir jusqu’à 7000 litres d’eau et 2500 litres de bouses de zébu, une tâche compliquée par le fait qu’elles ne doivent pas être trop sèches et donc être collectées au bon moment. Une tâche assez ardue qui est, cependant, vite rentabilisé en termes de gain de temps et d’argent car selon les études réalisées, les réductions du temps de collecte de bois et de dépenses en charbon s’élèvent respectivement à 14 jours et jusqu’à 180.000 ariary par an. Une fois opérationnelle, l’installation est alimentée par un ou deux seaux de bouses chaque jour. En retour elle génère suffisamment d’énergie pour faire fonctionner le rice cooker, le double bruleur et la lampe à biogaz. Le digestat peut être utilisé pour fertiliser les cultures.
Recueillis par Hanitra R.