« Certes, votre programme est très bien ficelé M. le Premier ministre mais qu’est ce que la pauvreté ? ». Ces propos d’une députée Mapar, parti très critique depuis un bon moment envers le régime au pouvoir, résument globalement l’accueil que les membres de l’Assemblée ont réservé hier à la politique générale de l’Etat développée par le Premier ministre Kolo Roger. Des députés qui ont pris la parole après son intervention lui en ont voulu pour sa présentation de la politique générale de l’Etat en français mais pas en malgache alors que la nation entière prête l’oreille. Sinon, même si le débat n’a pu être entamé hier sur le contenu de la politique générale de l’Etat (PGE), le ton est donné. Il est à la volonté politique, la détermination et à la rigueur pour « reconstruire le pays et bâtir la refondation préconisée par le Président de la République ».
PGE très ambitieuse
Une PGE des plus ambitieuses à mettre en œuvre ! Kolo Roger s’y engage avec son gouvernement à réaliser un pacte d’éthique et de performance avec des objectifs et des indicateurs de résultats ainsi que des mesures urgentes et des programmes de redressement et d’assainissement. La pauvreté sera réduite de 7 à 10 points en 2015. Trois fonds seront mis en place, C’est sur un ton de fermeté et de précision que le Premier ministre a annoncé les couleurs des objectifs fixés dan son programme. Un taux de croissance économique de 7 % dès le deuxième semestre 2014 avec un taux d’investissement de plus de 25 % du PIB pour créer près de 500 000 emplois jusqu’à la fin de 2015, année où le taux de croissance est prévue à deux chiffres. Le Premier ministre a été avare de détails et est apparu plutôt théorique que pratique. Mais les membres du gouvernement reviendront devant les députés pour expliquer davantage les mesures envisagées qui mèneront vers une justice impartiale et indépendante, vers des médias libres et responsables, vers une administration efficace et intègre, vers une décentralisation effective, vers la réouverture des 113 centres de santé de base. Il a aussi reconfirmé la volonté du pouvoir d’appliquer la « tolérance zéro » contre les trafics de bois précieux dont les bois de rose et de prendre des mesures pour atténuer les effets néfastes du changement climatique. Bref, avant de proposer ces solutions, rien n’a échappé au Premier ministre Kolo Roger dans son diagnostic et état des lieux. Il a mis l’accent sur la mauvaise gouvernance due au dysfonctionnement des institutions de l’Etat, à l’incapacité du Parlement et des organes de contrôle (IGE, Bianco, Samifin) à jouer leur rôle, au monopole du pouvoir par une oligarchie dans la capitale. Il a dénoncé au plan économique l’insuffisance de la performance économique globale, du commerce chaotique et désorganisé, de l’environnement des affaires défavorable et de la prédominance du secteur informel. Mais au bout du compte, sans l’habituel débat de fond, les députés sont quelque peu restés sur leur faim.
Zo Rakotoseheno