
Les crises politiques récurrentes depuis 1990 ont eu un impact lourd sur le développement socio-économique du pays. Pour une population estimée à 24,24 millions d’habitants, le PIB par tête s’établit à 410 USD en 2016, ce qui classe Madagascar parmi les dix pays les plus pauvres au monde.
Une éventuelle crise postélectorale de 2018 sera la crise de trop pour Madagascar. C’est du moins l’avis des observateurs économiques qui craignent que le pays retombe une fois de plus, comme c’était le cas en 2009 dans une crise sans fin et une période transitoire particulièrement meurtrière pour l’économie.
IDE. Le dernier rapport sur le développement humain pour l’année 2018 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) confirme cette thèse. Selon ce rapport, la baisse des investissements directs étrangers (IDE) figure parmi les facteurs qui ont provoqué la baisse de la performance économique du pays. Or d’après toujours ce même rapport, c’était en 2010 que les investissements avaient de nouveau ralenti. « Trois périodes distinctes caractérisent l’évolution des IDE à Madagascar. La première période correspond à la première moitié des années 2000, où le rythme de croissance annuel des IDE ne dépasse pas les 2% du PIB et n’atteint que 12% de croissance du stock en cumulé sur la période 2000-2005. La deuxième période commence en 2006 jusqu’en 2009. Les flux d’IDE sont multipliés par 15, passant de 85 millions USD à 1293 millions d’USD. Depuis 2010, l’économie connaît un ralentissement des investissements étrangers avec en moyenne une baisse de 9,5% des flux d’IDE par an entre 2009 et 2015 ».
Investissements miniers. Outre les effets néfastes des crises politiques à répétition, les IDE malgaches sont aussi fortement marqués par l’importance ces investissements miniers. « Cette caractéristique des IDE est davantage expliquée par les flux des industries extractives qui ont eu un poids important dans la dynamique des IDE à Madagascar durant la décennie 2005- 2015. Il faut noter que ce ne sont pas tant les effets conjugués de la récession mondiale et de la crise de régime qui ont mené vers une baisse des investissements étrangers, mais plutôt la fin de la construction des sites miniers ». En comparant à d’autres pays, on constate que Madagascar se situe à peu près au niveau des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Toutefois la comparaison mérite davantage de se faire avec des pays très riches en ressources minières et pétrolières comme le Libéria, la République du Congo ou le Mozambique. « Pays trop riche pour être pauvre Madagascar affiche un déficit structurel des IDE » selon toujours ce rapport du PNUD qui cite un certain nombre de freins à l’investissement, par rapport au classement « Doing Business » de Madagascar. « Avec un score en termes de Distance à la Frontière (DDF) de 45,1 dans le ‘Doing Business’ de la Banque Mondiale en 2017, Madagascar figure parmi les pays les moins attrayants du monde en termes d’investissement. En analysant les différentes composantes de l’indice, les raisons de ce mauvais classement sont multiples. Premièrement, Madagascar rencontre des difficultés très importantes pour l’accès à l’énergie. Son taux de raccordement à l’électricité est parmi les plus faibles au monde (185e sur les 190 pays étudiés), le droit contractuel est lui aussi imprévisible avec des scores très faibles sur l’exécution des contrats (158e), le transfert de propriété (159e) et l’obtention d’un permis de construire (184e) ». Bref, des efforts restent à fournir pour que Madagascar devienne un bon pays de destination des investissements directs étrangers. Et surtout, pas de crise politique.
R.Edmond.