
Les producteurs locaux de détergents sont au bord de la faillite à cause des importations sauvages, d’après les faits présentés par les industriels, le 9 août dernier à la CCIA Analakely. Un Avis de mesure de sauvegarde a déjà été publié par l’ANMCC.
Cet Avis n°002-ANMCC/Av.18, tant attendu est sorti le 6 juin 2018, mais n’a jamais été appliqué, jusqu’à aujourd’hui. Le blocage se situe au sein du Ministère des Finances et du Budget, selon l’ANMCC (Autorité Nationale chargée des Mesures Correctives Commerciales). D’après les informations, un compte spécial a déjà été ouvert pour collecter les 36% supplémentaires de droits d’additifs sur les détergents en poudre. D’après la Direction Générale des Douanes, les importations de détergents en poudre sont passées de 1.823 tonnes en 2013 à 12.385 tonnes en 2017, soit un accroissement de 679% durant la période d’enquête. Sur la même période, la part des importations de détergents en poudre par rapport à la production nationale a brusquement et fortement augmenté depuis 2013, avec un rapport de 8148% en 2017. « Un préjudice grave est constaté après analyse des données, raison pour laquelle, la mesure de sauvegarde provisoire prise par l’ANMCC prend la forme de droit additionnel ad valorem de 36% sur les importations de détergents en poudre. Un taux considéré comme un minimum requis permettant à la branche de production locale de réparer leur dommage », a indiqué le président du SIM, Fredy Rajaonera.
Intérêts cachés. Avec cette forte croissance de la demande de détergents sur le marché malgache, les industriels soutiennent que les importations ne devraient en aucun cas être privilégiées par rapport aux productions locales, en termes de fiscalité. Arrêt de production, chômage technique depuis 2017, effet destructeur transversal, etc. tels sont les impacts des importations privilégiées de détergents en poudre, avancés par les entreprises productrices, lors de l’audition publique organisée par l’ANMCC, le 9 août dernier à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Antananarivo (CCIA) à Analakely.
Scenarii. « Avec une fabrication dans une grande usine qui a une capacité de plus de 100.000 tonnes par an, le coût de revient unitaire s’élève à 102 Ariary. Avec une petite usine à Madagascar, qui a une capacité de moins de 500 tonnes par an, ce coût est à 133 Ariary. Mais si l’on opte pour une usine d’une capacité de 35.000 tonnes par an, ce coût à Madagascar baisse à 107 Ariary. Et c’est justement ce dernier cas que nos membres veulent réaliser d’ici à quelques années. Mais pour cela, il faudrait une volonté réelle émanant de l’Etat », a soutenu le président du SIM. D’après ses propos, les impacts de cette production à grande échelle sont importants, si l’on ne cite que la création d’environ 1000 emplois, la création de valeur ajoutée, l’amélioration des ressources de l’Etat, la contribution au développement du secteur industriel, l’économie de devises en réduisant les importations et les autres potentiels d’évolution. Mais pour réaliser cette production, le SIM demande une prise de décision pour la mise en place d’un cadre incitatif du secteur des détergents, par le Gouvernement, via l’application effective de la taxe de 56% pour les produits finis, sur les quatre ans à venir. « Cela donnera une visibilité pour effectuer les investissements industriels et développer la notoriété de nos marques dans le concept « Malagasy ny antsika », de manière compétitive », a noté le président Fredy Rajaonera.
Dépendance. Jusqu’à ce jour, environ 70% des produits consommés à Madagascar sont importés, malgré les ressources en matières premières et en main d’œuvre dont dispose le pays. « Dans la ligne droite stratégique du SIM, nous préférons créer des emplois, du savoir-faire et de la valeur ajoutée manufacturière à Madagascar, au lieu d’enrichir les autres pays en important nos produits courants. Et ce, tant que nous avons la volonté, le savoir-faire et les moyens de le faire. C’est d’ailleurs le cas dans la filière des détergents poudres », a indiqué le SIM.
Antsa R.