Un fort phénomène d’immigration et d’émigration interne secouerait la région Sava. Des conséquences négatives sur le bien-être social se feraient de plus en plus ressentir par la population.
L’eldorado à la Malgache. Les échos de la vanille de la Sava et de ses retombées économiques suscitent les convoitises. Si l’on a tendance à penser directement aux investisseurs étrangers, la région Sava attire actuellement des Malgaches issus d’autres régions. Un phénomène d’émigration interne s’y développerait à un rythme effarant, à en croire le préfet de Sambava, Boniface Bemananjara. Ce dernier d’expliquer que «des gens issus du Sud-est du pays : de Farafangana, de Vangaindrano, ou de Manakara affluent vers la région Sava. La renommée de la région grâce au « vavasaha » (l’argent de la vanille) incite les gens de ces régions en quête d’une vie meilleure à quitter leur communes, régions et districts d’origine pour aller vers la Sava». Conséquence d’une telle situation, l’on assiste à des cas d’arnaques et d’escroqueries dans le domaine foncier. « Des habitants de la Sava malintentionnés profitent de ce flux d’émigration et du bas niveau d’instruction de la population pour les escroquer. Ils (les escrocs) prétendent détenir des titres fonciers sur des domaines titrés et bornés qu’ils revendent ensuite pour une certaine somme (plus ou moins abordable). Une fois les transactions effectuées, les escrocs disparaissent laissant leurs victimes à la merci de la Justice et des vrais propriétaires». Une situation qualifiée par le préfet de Sambava comme étant un «nouveau visage du phénomène dahalo» et qui continuerait à se développer malgré les interventions des autorités locales.
Droits de l’Homme. Interrogé sur l’affaire d’expulsion de personnes communiquée par le Comité National Indépendant des Droits de l’Homme(CNIDH), le préfet Boniface Bemananjara dément les faits. «Je trouve que le CNIDH exagère sur les faits rapportés dans les médias» a-t-il lancé. Avant de noter que «le CNIDH ne rapporte pas ce qui s’est réellement passé à Sambava. Différents cas d’accaparement de terrains ont été constatés dans plusieurs zones de la ville. Des squatteurs viennent s’implanter sur des terrains appartenant (titrés et bornés) à des particuliers et refusent de quitter les lieux. Dans certains cas, toutes les voies de recours ont été épuisées, mais les squatteurs s’entêtent à rester sur les terrains». Par ailleurs, Boniface Bemananjara a tenu à faire savoir que des «personnes qui s’autoproclamaient missionnaires du CNIDH sont venues à Sambava et ont brigué de force 400kg500 gr de vanille verte appartenant à des producteurs. Ces individus ont menacé ces derniers en disant qu’ils sont issus du ministère de la Justice. J’ai pris mes responsabilités et ai demandé à la gendarmerie de les arrêter». Pour le préfet de Sambava, le communiqué du CNIDH aurait un lien avec les arrestations menées par la gendarmerie. Pour l’heure, la situation serait plus ou moins calme dans la Sava. Les problèmes d’accaparement de terrains sont actuellement monnaie courante. Si la pratique est attribuée par différents observateurs de la vie publique à des étrangers, les Malgaches s’y mettent aussi et usent de nombreux moyens pour arriver à leurs fins. C’est dans de telles situations qu’on a le plus besoin d’un Etat de droit qui ne serait pas qu’une simple expression.
José Belalahy