
On serait tenté de conclure qu’il y a des candidats « riches » et des candidats « pauvres » à l’élection présidentielle du 7 novembre.
L’élection présidentielle à Madagascar est une affaire des riches. C’est le constat qui s’impose ces derniers temps sur l’allure de la pré-campagne à laquelle se livrent certains candidats depuis la publication par la HCC de la liste définitive des 36 participants à la course à la magistrature suprême du pays. Payer une caution de 50 000 000 Ar ne suffit pas pour être élu. Il faut des gros moyens financiers pour pouvoir sillonner l’île pendant la campagne. Ces derniers jours, on constate l’inégalité flagrante des moyens financiers des candidats à l’élection du 7 novembre. Certains candidats qui ont des milliards à dépenser, ont déjà commencé à organiser des grands meetings pour faire passer leurs messages. D’autres se sont encore arrêtés au dépôt de leur dossier de candidature à la Haute Cour Constitutionnelle. Des candidats ont déjà rassemblé les électeurs au Coliseum, à Mahamasina et dans de nombreux districts et communes de Madagascar. D’autres se contentent jusqu’ici des conférences de presse. Mais, être un « riche » candidat suffit-il pour être qualifié pour le second tour à l’issue du scrutin du 7 novembre ? Ce qui est sûr, c’est qu’il faut des moyens financiers conséquents pour pouvoir mobiliser une foule à un meeting politique.
TVM et RNM. Les chaînes publiques dont la TVM et la RNM qui ont une couverture nationale essaient actuellement de militer pour l’égalité de chances de candidat, mais leurs émissions quotidiennes de 15 minutes sont encore payantes. Du côté des médias privés, la plupart, pour ne pas dire tous, des patrons de presse font payer les candidats qui veulent faire paraître des articles ou faire passer des émissions. Et ce n’est pas n’importe quel candidat qui peut payer les prix. Visiblement, le vide juridique sur le financement des campagnes favorise l’inégalité de chances des candidats. Le SAMIFIN (Service de renseignement financier) a pour mission de lutter contre les blanchiments de capitaux et non de contrôler le financement des campagnes électorales. Ce sont les parlementaires qui auraient dû adopter une loi y afférente, mais ils n’ont pas pris leur responsabilité. Or, force est de constater que cette inégalité des moyens financiers risque de créer une ambiance malsaine ou une rivalité machiavélique entre les candidats « riches » et les candidats « pauvres » durant la campagne.
Inquiétante. La CENI, qui est en charge de l’organisation des élections, ne peut rien faire face à la situation. Ce que la commission électorale peut entreprendre pour réduire cette inégalité, c’est de bien gérer les temps d’antennes des candidats au niveau de la TVM et de la RNM durant la campagne électorale proprement dite. Mais, ces temps d’antennes gratuits ne seront pas suffisants si les candidats veulent bombarder l’opinion de leurs programmes de société. En tout cas, force est de reconnaître que la situation semble déjà inquiétante et préoccupante en cette période de pré-campagne. Qu’est-ce qui se passerait à partir du 7 octobre, date d’ouverture de la campagne électorale proprement dite ? Le haut représentant de l’Union africaine Ramtane Lamamra sera pendant quelques jours témoin d’une ambiance malsaine de pré-campagne à Madagascar.
R. Eugène