
Singulier destin pour Ferdinand Andriandraina ! Il a su passer de l’état de danseur de quartier à celui de professionnel. A l’époque, comme tous les jeunes de son âge, il imitait les chorégraphies des clips de rap qu’il voyait sur son petit écran. En traînant dans son quartier des 67 ha, il se faisait des amis poursuivant le même rêve que lui.
Né le 8 septembre 1986, Ferdinand Andriandraina est un danseur professionnel. La vie n’était pas si facile que ça pour en arriver là. De la joie, de la peine, des larmes et des sourires, des hauts et des bas ont forgé la personnalité de ce jeune homme surnommé Bloum. Il n’a pas laissé la peur briser sa volonté. Le courage nourrit ses ambitions.
A 14 ans, le jeune garçon commence son « break dance » en écoutant le morceau de Xzibit et Benny B. «On n’avait pas de tapis de danse, on déballait des cartons pour danser dessus. On empruntait des chaussures pour ce faire». L’insuffisance de moyens financiers n’a pas empêché Andry et ses amis de progresser. Au contraire, cela leur permettait de relever un grand défi. Cependant, être danseur professionnel était pour lui tout à fait possible.
La vie, un « battle ». En 2002, alors que l’avenue de l’Indépendance était en pleine effervescence politique, Andry et ses compagnons font des «cypher» de danse. Les fanfares de la grève leur donnaient le rythme. «C’était un fait marquant de notre jeunesse» a-t-il dit. Un risque ! Mais une ambiance de «dance fever» commençait à apparaître chez le jeune garçon. Tout au long de l’année, il fait des exercices pour s’améliorer. «Chaque matin je m’adonnais à la danse. C’est devenu une habitude et je ne me sentais pas à l’aise si je ne pouvais pas le faire». En entretenant des rapports amicaux avec les membres du groupe de danse «Up the rap», à savoir Luc et Daddy, le danseur amateur acquiert de l’expérience. Après un an, il participe pour la première fois à une audition à l’Institut Français de Madagascar. Il fait partie des sept danseurs qui composent le groupe Addams. La chance lui sourit ! Il remporte le prix Découverte de «dihy-danse». Mais la vie est faite de haut et de bas, il y a des jours avec et des jours sans. Ayant participé à un «battle» de danse en 2004, la troupe de Ferdinand Andriandraina est arrivée en finale et a été battue. Les concours s’enchaînent, les Addams ne perdent pas espoir. En 2006, ils rehaussent leur performance en obtenant la troisième place et le meilleur Show chorégraphie lors d’un championnat organisé à l’Alliance française à Antananarivo. « Equipe solide », Andriandraina et ses camarades partagent la scène avec de nombreux chorégraphes des Jeux des Iles de 2007. «C’était la première fois de ma vie et j’en suis fier» affirme le jeune homme.
La cour des grands. Le petit Bloum a pris de l’ampleur. La danse l’amène en déplacement à l’île de la Réunion pour assister à un championnat intitulé «Battle de l’Ouest de l’Océan Indien». «On nous a beaucoup critiqués. On nous disait que la danse n’est pas un métier. On était marginalisé. On nous considérait comme des voyous. On a prouvé que ce n’était pas vrai». Andry a fait ses preuves en ramenant à la maison le trophée. Les voyages se succèdent. Tanzanie, Afrique du Sud, et même en Finlande. Le monde est devenu pour lui une grande pièce de chorégraphie. Au retour, il garde toujours la tête sur les épaules en distinguant l’ambition de l’orgueil. Une fois au pays, l’« équipe solide » Addams collabore avec une chaîne de télévision de la capitale. En 2011, Andry et ses copains participent à une téléréalité «dance Style». Munis d’une solide expérience, ils se produisent comme à l’entraînement et remportent facilement la coupe.
« Break dance » pour la vie. Formé par ses aînés aux 67 ha, un quartier où il a vécu son enfance, Andry est séduit par la «danse qui casse les os». Attentionné, il apprend vite. Dénicheur de talent Daddy l’un des fondateurs du groupe «Up the rap», l’intègre dans son groupe. Dès lors, le jeune homme devient un génie de la dance Hip Hop. L’humilité, la modestie et la confiance en soi sont les trois grands principes de sa vie. «Pour moi, la danse est au service des activités sociales et culturelles. Le break dance m’a beaucoup formé, non seulement en tant que sport, mais il m’a aussi instruit».
Malgré les difficultés qu’il a rencontrées, Ferdinand Andriandraina a su garder son objectif en visant loin.
Iss Heridiny