
Rideau sur la Foire Internationale de l’Agriculture qui a pris fin, hier au Forello Expo Tanjombato.
Une manifestation qui a, en tout cas permis, une fois de plus de mettre en exergue l’immense potentialité agricole de Madagascar. La deuxième édition de la FIA a également permis de constater que de nombreuses entreprises réussissent dans les investissements liés au secteur agricole.
Dynamisme
A l’instar d’Agrifarm, une filiale du groupe SMTP qui opère actuellement, avec réussite dans de nombreuses régions du pays. Par ailleurs les petites et moyennes entreprises du secteur agricole affichent un certain dynamisme, et arrivent à percer dans de nouveaux marchés. Le miel biologique par exemple, est de plus en plus recherché sur le marché international et, des PME malgaches parviennent à en exporter. Mais le secteur agricole démontre également ses limites puisque la plupart des opérateurs ruraux qui tentent de percer sur le marché international, butent trop souvent sur leur incapacité de satisfaire à une demande de plus en plus importante et exigeante, aussi bien en termes de quantité que de qualité.
En somme, le secteur agricole est encore loin d’être performant à Madagascar. La Banque Mondiale confirme d’ailleurs cette réalité, dans son dernier rapport économique sur Madagascar.
Agriculture de subsistance
Selon ce bailleur de fond multilatéral, la population malgache ne tire pas encore profit de ce secteur. « La performance constamment médiocre du secteur agricole signifie que, la majorité de la population ne ressent pas les retombées de la croissance économique ». Les données statistiques prouvent en tout cas cette importance du secteur agricole à Madagascar. « Environ 80% de la population exercent des activités agricoles, principalement dans les zones rurales où l’agriculture de subsistance est la principale source de revenus. Entre 2001 et 2012 (dernières données disponibles), 77% de la population rurale vivaient en dessous du seuil national de pauvreté – un chiffre qui est resté inchangé. Et entre 2014 et 2017, le secteur agricole s’est contracté en moyenne de 0,8% par an. Ce qui indique que la croissance économique de ces dernières années ne s’est pas traduite par une amélioration significative du bien-être de la population rurale. Le secteur agricole est limité par une faible productivité due à l’utilisation minimale de techniques agricoles modernes, au manque de connectivité aux marchés pour faciliter le transport des marchandises, et à une grande vulnérabilité aux fluctuations climatiques. Les ménages ruraux ont peu d’activités non agricoles génératrices de revenus pour atténuer l’impact des chocs météorologiques ».
Bénédiction et malédiction
Dans son rapport, la Banque Mondiale confirme cependant l’avenir promoteur du secteur agricole. « Les conditions climatiques de Madagascar peuvent être à la fois une bénédiction et une malédiction pour les performances agricoles. Le climat unique du pays a permis à certaines cultures de rente comme la vanille, le girofle et d’autres épices, à prospérer et à soutenir les moyens de subsistance des agriculteurs engagés dans ces secteurs agroalimentaires. Malgré les effets des cyclones Ava et Eliakim au début de l’année 2018, les recettes tirées de la production de vanille sont restées fortes car les prix demeurent élevés. Ce qui devrait attirer de nouveaux agriculteurs cherchant également à bénéficier de prix élevés. Cependant, la grave sècheresse et les cyclones de 2017 ont réduit l’offre de riz produit localement (principale denrée de base du pays) d’environ 20%. En conséquence, le secteur agricole (en tant que sous- secteur du secteur primaire) s’est contracté d’environ 6,6% en 2017. Une pluviométrie plus favorable en 2018 devrait accroître la production de riz, apporter une meilleure récolte et améliorer la sécurité alimentaire des plus vulnérables. Dans l’ensemble, le secteur de l’agriculture devrait connaître une croissance annuelle de 4,5% en 2018.
En somme, l’avenir économique de Madagascar repose sur le secteur agricole. Malheureusement, les dirigeants qui se sont succédé n’ont visiblement pas réussi à mener une bonne politique agricole capable de booster réellement l’économie. Des dirigeants qui, comme le secteur agricole, ont fait preuve d’une performance…médiocre.
Recueillis par R.Edmond