
Annulé ou censuré au mois d’août, la conférence qui devait se tenir à la maison Jean Laborde à Andohalo se tiendra cette fois à l’Is’art Galerie Ampasanimalo ce jour. Un grand moment de fierté de l’identité africaine.
Kemy Seba, l’activiste le plus détesté mais le plus respecté par la « génération réveillée » de l’Afrique francophone tiendra une conférence à l’Is’art Galerie Ampasanimalo ce jour à partir de 17 h. C’est un invité de marque qu’accueille ce haut lieu culturel de la Capitale. Ce personnage a fait trois ans de prison en France pour avoir défendu ses idées. Les harcèlements verbaux, il en a presque l’habitude. Comme il l’a déclaré récemment lors de sa visite en terre nigérienne. Pour leur cause, « nous sommes prêts à mourir », vociférait-il. De plus en plus d’oreille commence à s’intéresser au discours de l’activiste qui a trouvé dernièrement un sujet de premier choix, le franc CFA, pour fustiger le néo-colonialisme.
Ce ne sera pas un doux agneau qui va parler de Panafricanisme à l’Is’art Galerie. Ce sera surtout un combattant pacifique mais fougueux, contre l’impérialisme sauvage et les relents encore palpables du colonialisme. D’ailleurs, les premières associations qu’il a fondées à ses débuts ont été obligées de fermer pour cause d’incitation à la haine raciale. Signe que le radicalisme est en train de miner le pays, voire l’Europe. Et qu’il ne concerne pas seulement l’extrême droite blanche mais a aussi gagné la « communauté de couleur » en France.
Un combat à mener. Kemy Seba, ou Stellio Gilles Robert Capo Chichi dans le civil, est né de parents béninois. Il est né et a vécu en France, il possède donc un passeport français. Sa lutte actuelle, avec son organisation Urgences panafricanistes, ont acquis des soutiens de taille. Comme le footballeur Nicolas Anelka, Demba Ba… Plusieurs autres joueurs du continent le soutiennent mais préfèreraient ne pas être identifiés. Ses paroles ont apparemment eu des échos parmi les grands d’Afrique. Puisque le président du Tchad, Idriss Déby, a également suivi son discours sur la souveraineté de l’Afrique face au CFA.
Par contre au Sénégal, il est persona non grata. Expulsé comme un malotru du pays en septembre 2017, Kemy Seba a pourtant des soutiens fidèles là-bas. Par ailleurs, il y a aussi ces plus féroces détracteurs. Un philosophe du pays Hadu Ba n’est pas allé par quatre chemin pour qualifier le Béninois. Le penseur l’a traité d’«afroclown ». Ce qui est, il faut l’admettre, un peu poussif. Kemy Seba , ne veut pas être comparé à personne, Martin Luther King et compagnie. A entendre son discours, il se rapproche beaucoup plus d’un Gandhi. Ce dernier a fait vœu de pauvreté et de chasteté, finissant aussi mince qu’une brindille au plus fort de son combat. Le Béninois prône également le pacifisme et a fait vœu de pauvreté, mais avec des dizaines de kilos en plus.
Maminirina Rado