
Une prise importante de ce bois de rose de mer d’une quantité de 900 kg aurait disparu comme par enchantement, a-t-on dénoncé.
Apparemment toutes les ressources naturelles précieuses de Madagascar sont pillées. Depuis la fin de l’année 2013, des plongeurs marins professionnels venant de Nosy-Be ont débarqué dans la région d’Androy pour exploiter illicitement des coraux noirs ou « Tangoaraky » ou « Foto-domotse ». Selon la loi, c’est interdit d’exploitation et d’exportation car ce sont des espèces menacées. Madagascar a même signé une convention en les inscrivant dans l’annexe II de la CITES. Les notables de la région et les scientifiques du Centre Universitaire Régional de l’Androy « CURA » ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises sur ce trafic de coraux noirs considérés également comme les bois de rose de mer mais ils ne sont pas entendus.
Appui de l’AVG. Notons que les coraux noirs sont appréciés en bijouterie. Les bijoux faits de corail noir valent jusqu’à des milliers de dollars sur le marché international. A titre d’illustration, une bague en or avec du corail peut coûter jusqu’à 2 600 USD. Cependant, le prix de collecte de ces produits auprès des pêcheurs varie de 10 000 à 15 000 Ariary/kg tandis que les mareyeurs les vendent aux collecteurs ou exportateurs entre 15 000 et 20 000 Ariary/kg. Par contre, le prix du kilo des coraux noirs depuis la Capitale à l’exportation peut atteindre 700 000 Ariary, a-t-on appris. La dévastation sauvage de ces coraux noirs continue encore de plus belle. Les trafiquants ont maintenant constitué un réseau et la pratique tend même à s’institutionnaliser. Indignés, les notables de la région accompagnés par les scientifiques du CURA ont déposé une plainte auprès de la brigade de la police d’Ambovombe. L’Alliance Voahary Gasy a interpellé les autorités régionales pour publier un arrêté régional interdisant l’exploitation de ce bois de rose de mer. Mais son application n’est pas effective. Au contraire, de nouveaux venus de plongeurs ont intensifié leurs besognes en organisant même une filière locale, a-t-on évoqué. Ces trafiquants disposent de voitures tout terrain, des hors-bords motorisés et des équipements de plongée professionnels.
Hautes personnalités. Par ailleurs, les scientifiques ont sollicité une descente avec les forces de l’ordre sur Faux Cap, mais les plongeurs ont pris la foudre d’escampette avec leurs matériels à cause d’une complicité de haut lieu. Une autre descente mixte avec toutes les parties prenantes a eu lieu à Kotoala. Les plongeurs ont pu disparaître tandis que 49 bouteilles à oxygènes enterrées ont été saisies. En outre, un camion transportant treize sacs de coraux noirs a été appréhendé par la police d’Ambovombe-Androy, suite aux fouilles des voitures suspectes. Quatre autres véhicules ont été également saisis par la gendarmerie d’Ambovombe-Androy. Mais la prise importante de 900kg aurait disparu comme par enchantement, a-t-on dénoncé. Des hautes personnalités et des hauts gradés seraient impliquées dans cette affaire mais la partie plaignante ne se laisse faire en effectuant une lutte tenace digne de leurs criminels et hautement condamnables. L’AVG félicite et rejoint ces acteurs locaux audacieux qui sont prêts à appuyer l’Etat dans son rôle régalien pour dénoncer ce scandale environnemental dans l’Androy.
Recueillis par Navalona R.