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mardi, juillet 1, 2025
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Ils ont fait le buzz

En pleine rue, cet individu arborait en musique sa foi aux candidats

8 octobre, une date assez incongrue dans le calendrier grégorien. 2018, année de l’ouverture officielle de la propagande pour les élections présidentielles de novembre. Un 8 octobre 1517, François 1er (14941547), roi de France, a signé l’acte de naissance de la ville portuaire du Havre. 1871, 8 octobre, débutait l’incendie de Chicago, devenue capitale mafieuse des Etats-Unis lors de la prohibition, qui a fait 300 morts et 100 000 sans abris. Che Guavara, idole de toute une génération des antisystèmes citoyens du monde et des révolutionnaires web 2.0, se fait capturer comme en Bolivie avant son exécution.

8 octobre 2018, Madagascar inaugure une page de son histoire, après dix ans de « crise »… Enfin, une élection populaire qui départagera les « rois » de la politique malgache, ceux qui mettent toute leur confiance envers les millions d’électeurs malgaches. Qui sûrement en ces débuts de pluie avec sa grêle, pensent à leur parcelle de riz, à leur toiture, et à Antananarivo, à leur petite maison perchée sur les hauteurs d’Anatirova… Mais les smartphones et les badauds sont passés par là. Sans compter sur ce monsieur, un 11 octobre 2018 sûrement dans les environs du quartier de Talamaty, qui arborait le tee-shirt du numéro 13 tout en balançant une pancarte du numéro 25. Comme il faut mettre un nom à tout personnage, un Justin serait approprié.

Il a marqué par sa ronde d’insensé la première semaine de la propagande, quand les fervents et ferventes des candidats s’entredéchiraient sur le prix de l’hélicoptère, le remplissage d’une place à « Ville de nulle part ».

Comme si tout le monde avait oublié qu’un certain mois d’avril 2018, les députés de ces deux camps (n°13 et n°25) se sont donnés la main sur la place du 13 mai. Portant comme tout un symbole, dans leur courroux, un soi-disant cercueil du président de la République de l’époque. Pour dire que le pouvoir allait être enterré vivant, geste passionné ou délire politique, la mort est un signe d’unité, de fraternité dans la culture malgache. Rien qu’à entendre les discours de compassion, ou « kabary famangiana manjo », avec des phrases éternelles comme « ny entan-jaray mora zaka ary ny fahoriana iaraha-mitondra maivana ». Littéralement, un fardeau est moins lourd quand on le supporte ensemble, le malheur est plus tolérable quand nous le subissons ensemble.

Ou bien, comme l’anathème poussé à l’extrême de ces dernières années, ces vindictes populaires. Un mauvais garnement porté au poteau de la justice de la rue. L’âme et l’amour propre, si c’est le terme accessoire, sont portés en valeur dans les traditions malgaches.

Ce que Monsieur Justin a voulu, sans le savoir, rappeler aux électeurs malgaches qu’il y avait ce mois d’avril dans sa danse folle a été partagée des centaines de fois sur les réseaux sociaux.

Une convergence d’émotion qu’il a su cristalliser en quelques minutes. Dans le rôle de fou du roi, il a porté le meilleur déguisement. Inutile de deviner son état mental. Et s’il était un débile de première catégorie, ne serait-ce pas d’autant plus symbolique. Représentant « l’aliénation » des petits gens du peuple qui se lèvent tôt, qui en quelques mois sont devenus les chouchous du royaume. Ceux à qui les grands de cette île demandent leurs « voix » et promettent les mille et unes merveilles.

Justin croit en leurs promesses, en leurs supplications de leur permettre de s’asseoir sur le strapontin du pouvoir. Mais pas un seul, mais les deux principaux protagonistes que l’histoire veut, une bonne fois pour toute, voir en découdre avec les urnes. Sans dire que les autres candidats et candidates sont des laissés-pour-compte, mais l’attention sera, que les malgaches le veuillent ou non, sur les frottements entre le n°13 et n°25.

Pour preuve, le débat du 3 novembre où seront invités ces deux protagonistes constituera une des plus fortes audiences de cette décennie.

Il ne faut pas ainsi donner tort à Monsieur Justin d’avoir mis en évidence ses préférences politiques. Loin des bancs de Science Po mais qui résume la sensation de certains citoyens.

Il ne s’agit pas de faire le procès de ce mois d’avril, ni de porter en victime le pauvre « encercueillé ». C’est surtout de mettre en avant que les gens comme Justin, écoutent, analysent et s’amusent devant les promesses de chacun des candidats et candidates.

Maminirina Rado 

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