
A chaque consultation populaire directe, qu’il s’agisse d’élection ou de référendum, l’achat et la vente de suffrages restent un débat de fond(s), quand bien même pareille opération « commerciale » serait hasardeuse, voire à risque, surtout depuis l’adoption du bulletin unique. Comment l’acheteur peut-il vérifier que le vendeur a effectivement coché la case convenue ? Rien n’empêche le second d’accepter ce que le premier lui propose et de voter ensuite pour le candidat de son choix. En fait, l’achat et/ou la vente de voix était plus réalisable du temps des bulletins de vote individuels, car il suffisait pour le vendeur, à sa sortie du bureau de vote, de montrer à l’acheteur tous les bulletins sauf celui du candidat convenu. Et ce, pour prouver qu’il a bien voté pour ce dernier.
Marchandage de voix. C’est peut-être dans le but inavoué de perpétuer cette pratique illicite que le régime HVM avait prévu dans la version initiale de la loi organique relative à l’élection du président de la République que « pour le second tour, le vote est exprimé au moyen de bulletin unique ou, le cas échéant, au moyen de bulletins de vote individuels établis par chaque candidat ». La HCC d’extirper de la loi soumise à son contrôle, cette seconde possibilité, en considérant que « la pratique du bulletin unique limite le marchandage de voix par les candidats qui exigent la présentation des bulletins de leurs adversaires pour justifier le vote en leur faveur ».
Frais. Pareil « commerce » de voix puise essentiellement son origine sous la Seconde République où le vote de l’électeur s’échangeait parfois contre une petite somme d’argent. Ou un « kapoaka » de riz qui pouvait être assimilé à un paiement en nature comme l’est aujourd’hui la distribution de T-shirt et autres casquettes à l’effigie de tel ou tel candidat. En effet, même s’ils sont distribués gratuitement, ils ont été forcément payés. A l’instar de bon nombre de propagandistes qui peuvent recevoir des « frais » de repas, de déplacement ou autre, pour le prix de leurs voix (au sens de cordes vocales) et non pas en contrepartie de leurs voix (au sens électoral). La campagne électorale crée effectivement des emplois à durée déterminée qui peuvent être renouvelés pour une période tout aussi éphémère en cas de « deuxième tour vao vita ».
R. O