
Madagascar fait partie des six pays d’intervention du programme biodiversité de la comission de l’Océan Indien, financé par l’Union Européenne dans le cadre du 10e FED.
Il s’agit d’un programme mis en œuvre depuis 2014 et qui touchera à sa fin en janvier 2019. A l’issue d’un appel à proposition lancé au niveau régional en 2015, des subventions portant une valeur maximale de 100 000 Euros, ont été attribuées aux acteurs de la société civile soumissionnaires, tels que des ONG, des universités et des institutions para-étatiques. Ces derniers se chargent de développer des micro-projets visant une gestion durable de la biodiversité. « Madagascar constitue le premier bénéficiaire de ce programme Biodiversité. En effet, onze projets sur les 29 sélectionnés et subventionnés par la COI au niveau de l’Indianocéanie, sont mis en œuvre dans la Grande île. Ce qui représente un montant total des subventions à 900 000 Euros ». Le point focal national du programme biodiversité, Rabenandrianina Rivosoa, l’a déclaré lors d’un atelier de restitution des résultats et de consolidation des acquis, la semaine dernière.
Transfert de gestion. Plus précisément, ce programme biodiversité a pour mission d’appuyer les six pays du sud-ouest de l’Océan Indien dans le but de réduire la pression sur la biodiversité par l’utilisation durable des ressources naturelles côtières et marines au niveau régional, national et communautaire. Il vise entre-temps à lutter contre les exploitations illégales des ressources de la biodiversité comme les plantes endémiques, les coraux et les autres espèces animales menacées d’extinction. A titre d’illustration, l’association SAHI, en partenariat avec la SOFIA Guide Touristique, a mis en œuvre un projet intitulé « Fiveloma », qui consiste à développer des activités à valeur ajoutée favorables à la conservation des écosystèmes côtiers et marins dans les communes rurales d’Ambolobozo et d’Analalava, région de SOFIA. « Notre but est d’impliquer les communautés locales dans des activités de conservation par le biais de leur conscientisation et d’un transfert de gestion des ressources marines, tout en promouvant d’autres activités génératrices de revenus. Celles-ci ont pu reboiser plus de 242 000 pieds de palétuviers et 572 foyers améliorés ont été auto-construits », a expliqué José Randriamampionona, président de l’association SAHI.
Centres d’incubation. Dans la foulée, deux « dina » ou règles communautaires ont été homologuées en vue d’assurer une gouvernance locale afin de limiter l’intrusion des étrangers dans leurs localités ou lutter contre la pêche illégale, notamment l’utilisation des moustiquaires d’une longueur de 1km. Une période de fermeture de pêche est aussi instaurée. En effet, « des étrangers provenant d’Antsohihy ou de Nosy-Be exploitent illicitement des palétuviers pour construire des bungalows ou produire du charbon. En contrepartie, ces communautaires villageois ont bénéficié d’une formation en matière d’apiculture, de vannerie et de tourisme villageois, car le lémur flavifrons est endémique de la région de SOFIA. Des centres d’incubation ont été ensuite mis en place, pour ce faire, à part la création d’un réseautage avec des professionnels », a-t-il poursuivi.
Code de l’environnement. Par ailleurs, le programme Biodiversité a soutenu le pays afin qu’il puisse honorer ses obligations en matière de règlementations environnementales. « Des comptes nationaux du capital naturel ont été élaborés sur le site pilote de Nosy Be, entre autres, afin d’évaluer à long terme, la contribution des ressources naturelles dans l’économie nationale. En effet, on y constate une forte croissance démographique avec la création d’un village artificiel embelli de nombreuses infrastructures. Cette région devient un importateur de produits agricoles si aucune décision n’est prise à temps. Le taux de sequéstration de carbone est également en baisse à cause de la pression sur les forêts », a évoqué Rabenandrianina Rivosoa. Une mise en cohérence des textes environnementaux et l’élaboration du code de l’environnement sont en même temps en vue, à part le renforcement de capacité de l’administration, en matière de gestion des espèces envahissantes qui représentent une menace pour la bioidiversité locale. A titre d’illustration, un arrêté inter-ministériel est publié en vue d’interdire l’exploitation des palétuviers. Par contre, dans le cadre du transfert de gestion des mangroves, il est autorisé de les exploiter mais d’une manière durable.
Navalona R.