Les tableaux de Manitra Razafindrainibe sillonnent les expositions de la capitale. Chaque fois, ses toiles frappent par une composition puissante sans le vouloir. Une représentation parfois idéaliste, voire avec une certaine utopie assumée, de la société.

Dans les œuvres de Manitra Razafindrainibe, on serait tenté de se demander : où sont passées les ombres ? Cet artiste peintre, jeune mais très prometteur, semble appliquer l’adage « aucune ombre au tableau » à la lettre.
La luminosité domine les nombreuses scènes de vie qu’il raconte. Cette incursion dans le quotidien est ensuite magnifiée par des traits fluides, une bourrasque de couleurs et cette façon particulière de disposer les personnages. A s’y méprendre, Manitra Razafindrainibe semble être resté dans un coin resté intact de son enfance. « Se focaliser sur la vie de tous les jours, les petits métiers, les marchés… tout en utilisant des couleurs vives pour dépeindre les difficultés de la vie », souligne t-il en évoquant son approche.
Et cela donne quelque chose de profondément sincère dans ce qu’il peint. Puisque les instants anodins interprétés avec cette manière d’intégrer des émotions confinées dans une toile revitalisent les banalités d’un quartier populaire de la capitale. Comme ce qui se retrouve sur son œuvre, « Ambiance au bon coin ». Manitra Razafindrainibe décrit un lieu des belles et des folles nuits. Lieu des vêpres, avec ces motards en santiags dont les couleurs vestimentaires rappellent les jours de marché dans les campagnes malgaches. Où le rouge se mêle au vert fluo, le bleu ciel au rose…
Sans aucune fausseté, le peintre ne juge ni ne dramatise. « Pour moi c’est un devoir, de m’exprimer avec le talent qui m’est donné. J’y mets des couleurs vives pour ne pas montrer l’amertume, plutôt la joie et les sourires. Quand j’aurais fini de peindre toutes les scènes de vie, j’estimerais que j’ai réussi à faire passer mon message », met en avant l’artiste. Dès lors, avec Manitra Razafindrainibe, on est souvent tenté de chercher la petite bête, autant d’optimisme rend méfiant en ces jours de dérèglement social.
Par scène de vie, l’artiste ne se contente pas seulement de la gaieté d’un groupe de femmes qui lavent le linge au bord d’une rivière, ou une douzaine de gamins qui courent dans l’allégresse en faisant voler leur cerf- volant… C’est tout une rue qui rentre dans le morceau de vide qu’il remplit de couleurs criardes et de visages figés dans un sourire ou un regard inexpressif. Sur une toile, souvent, au moins on compte une trentaine de personnages, tel « Tohatohabaton’Ambondrona ». Sauf quand il s’aligne dans le contemplatif. Avec l’image presque banale des passants qui s’agglutinent devant les étalages des vendeurs de journaux des rues. Il démarque son approche par une mise en parallèle, un jeu d’alignement intelligent et martial. « En fait, malgré les difficultés de la vie, nous sommes toujours intéressés par les informations ».
L’homme est un père de famille aimant et aimé. Il a été entouré d’un père, Doda Razafy, et de deux oncles qui sont tous des peintres. « Mon style est dénommé, acrylique contourné », met-il en évidence. Le grand- père du jeune artiste a été un professeur de musique. Pour dire que l’art a toujours été dans sa vie. A 17 ans, il a effectué sa première exposition à l’Ifm Analakely, anciennement dénommé, Centre Culturel Albert Camus. « J’assistais souvent mon père dans son travail. Et quand il était absent, j’investissais son atelier », rappelle Manitra Razafindrainibe.
Difficile de décrire le style pictural du jeune homme. « C’est du naïf, de la bande dessinée et de la caricature », décrit-il. C’est simple, il voulait simplement et également se démarquer de ses amis peintres. Actuellement, ses œuvres sont exposées à l’Alliance Française d’Andavamamba jusqu’au 22 décembre.
Maminirina Rado