Pendant plusieurs heures (de 9h à 16h), les partisans de Marc Ravalomanana et les Forces de l’ordre ont joué à cache-cache dans les rues et ruelles du Centre ville.
La tension politique est à son comble en ce début d’année 2019. Comme prévu, les partisans du candidat « numéro 25 », Marc Ravalomanana se sont donné rendez-vous sur la Place du 13 mai hier. Le deuxième jour de leur mouvement de contestation des résultats de l’élection présidentielle ne s’est pas déroulé comme ils l’ont prévu. Pour cause, l’Organe Mixte de Conception (OMC) a pris ses responsabilités pour interdire la tenue de la manifestation. « Une manifestation non autorisée », selon les dires du Préfet de Police d’Antananarivo, le Général Angelo Ravelonarivo qui a réquisitionné les Forces de l’ordre pour cette occasion. Tôt le matin, l’Emmoreg a investi le parvis de l’Hôtel de Ville d’Analakely. Les négociations menées par les leaders du mouvement, entre autres, Fidèle Razara Pierre, Ninie Donia, Félix Randriamandimbisoa et Hanitra Razafimanantsoa n’ont rien donné. Cette fois-ci, et ce, contrairement à ce qui s’est passé le samedi 29 décembre dernier, les Forces de l’ordre n’ont pas cédé. Le Préfet de Police a expliqué que « samedi, on leur a autorisé à occuper la place car ils ont demandé à y tenir un culte, pourtant, leur meeting s’est vite tourné à une véritable incitation à la haine ». C’est ce qui aurait incité l’OMC à prendre des mesures pour empêcher la tenue de la manif. D’autant plus qu’hier, les « K25 » ont prévu de diffuser publiquement sur deux écrans géant ce qu’ils estiment être « les preuves des fraudes massives » qu’auraient engendré le scrutin du 19 décembre dernier.
Preuves. Nul n’ignore pourtant que c’est aberrant de divulguer les preuves et/ou les plaidoiries que l’on devrait utiliser lors d’un procès. On se demande alors si les leaders des « Zanak’i Dada » ignorent qu’au lieu de les divulguer en public ces preuves, ils devraient les déposer auprès de la Haute Cour Constitutionnelle qui est la seule juridiction qui peut trancher sur les contentieux électoraux. D’ailleurs, pas plus tard que le week-end dernier, la Communauté internationale, par le biais des représentants des Corps diplomatiques et consulaires résidant à Madagascar ont déjà interpellé Marc Ravalomanana par rapport à cette démarche.
« Mpanangana fa tsy Mpandrava ». Faute d’autorisation de manifester en bonne et due forme émanant des autorités responsables, les partisans de Marc Ravalomanana ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par l’Emmoreg hier. Les Forces de l’ordre sont intervenues suite à la destruction par les « Zanak’i Dada » des grillages autour du parvis de l’Hôtel de Ville. Cette fois-ci, ils ont bafoué leur slogan leur qualifiant de « Mpanangana fa tsy Mpandrava » car une destruction de biens publics a été constatée. Trois blessés et deux arrestations. C’est le bilan des échauffourées d’hier. Deux individus ont été pris en flagrant délit d’avoir jeté des pierres sur les Forces de l’ordre et sur les fenêtres de l’Hôtel de Ville. Pendant presque 7 heures (de 9h à 16h), les « K25 » et l’Emmoreg ont joué à cache-cache dans les rues et ruelles du Centre ville. Le calme n’est revenu sur Analakely que vers 17h.
Feu vert. Durant la journée d’hier, les magasins du Centre ville ont fermé leurs portes. Les marchands ambulants ont également suspendu leurs activités. Jusqu’en début de soirée, les Forces de l’ordre ont continué à quadriller l’Hôtel de Ville. Après le « sakoroka » survenu dans la matinée, les « Zanak’i Dada » n’ont plus réussi à accéder sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Et ce, contrairement à ce qu’ont véhiculé les radios pro-Ravalomanana qui ont constamment lancé un appel à l’endroit des partisans du candidat « numéro 25 » à revenir à Analakely car selon leurs dires, le Préfet de Police d’Antananarivo a déjà donné son feu vert. Un appel considéré par le Général Angelo Ravelonarivo comme « de la diffusion de fausses nouvelles et une incitation à la révolte ».
Barrages. En effet, tout au long de la journée d’hier, les médias pro-Ravalo n’ont cessé d’inciter les tananariviens à descendre dans la rue tout en martelant que « la ville est complètement à feu et à sang » et que « des manifestations de contestation des résultats du second tour de l’élection présidentielle s’explosent notamment à Moramanga, à Mahajanga et au niveau de plusieurs régions de la Grande île ». Ce qui n’a pas du tout été le cas. Ils ont également encouragé les « Zanak’i Dada » à ériger des barrages et des « Andrimasom-pokonolona » au niveau de chaque quartier. Jusqu’au moment où nous mettons cet article sous presse (22h), cet appel n’a pas été entendu. Aucun barrage n’a été érigé à Antananarivo et ses environs. « Si cela continue, des mesures pourraient être prises à l’encontre de ces gens qui font tout pour semer les troubles au niveau de la Ville des Mille », a laissé entendre le Préfet de Police d’Antananarivo. Le risque de « sakoroka » n’est pas à écarter ce jour du côté d’Analakely car bien malgré les évènements d’hier, les partisans de Marc Ravalomanana se donnent encore rendez-vous au « kianja » pour une nouvelle manifestation. Histoire à suivre.
Davis R