
Le film « Razana » d’Haminiaina Rakotoarivony questionne le Malgache sur la place des traditions et des valeurs malgaches face à d’autres cultures, surtout occidentales. Il sera diffusé lors du festival de court métrage de Clermont- Ferrand en début février.
Le court métrage « Razana » d’Haminiaina Rakotoarivony va être présent au festival du court métrage de Clermont Ferrand en France du 1er au 9 février dans la sélection « Regards d’Afrique ». Une consécration dans le circuit francophone, pour ce film dont le sujet traite des tiraillements entre tradition et vents imposés de l’extérieur. Pour cette œuvre d’une durée de 20 minutes, le titre se traduirait plutôt par « cadavre » au lieu d’ « ancêtre ». Elle amène à se questionner sur le poids, ou les limites, de la tradition face à des situations impliquant une autre culture. Une autre manière de penser et d’être en rapport avec la mort. Mais aussi, implique un couple homosexuel dont la relation est strictement taboue dans la culture malgache. Comme elle l’est dans la plupart des cultures asiatiques, arabes, de l’Europe de l’Est et africaines.
D’après le résumé, il est ici question de cadavre, mais en poudre. « Les mains frêles de Solo serrent une urne contre sa poitrine. A la demande de son défunt compagnon. Il rentre à Madagascar pour remettre les cendres de son partenaire au père de ce dernier. Un beau-père traditionnaliste et conservateur et qui ne souhaite pas sa venue… ». Voilà le décor sur lequel plane l’intrigue. Une société malgache qui exige que le corps entier doit être enseveli à la mort. Et où l’homosexualité constitue un crime contre « Zanahary » et les ancêtres.
Souffleur de la morale. Cette trame civilisationnelle est suppléée par une « conscience » chrétienne, qui n’a presque pas évoluée depuis les premiers colons arrivés à Madagascar. Réservant les flammes de l’enfer à un homme qui se touche avec amour avec un autre homme, d’après les Saintes Ecritures et les dogmes. On plonge dans l’œuvre contemporaine ethnico-philosophique s’adressant à une société malgache figée dans la relation homme/femme.
Face à tout cela, le réalisateur donne l’impression de se poser en essayiste en évoquant deux sujets épineux dans un même film. Le piège a été sûrement de tomber dans le jugement obtus, d’un autre côté, et hyper acculturé, de l’autre. Le traitement technique est parfait, cadrages, dialogues… La distribution digne d’un grand film malgache, parce qu’on y retrouve des acteurs comme Gégé Rasamoely. « Razana » permet de comprendre ce que la génération productive d’aujourd’hui pense de la culture malgache. Il y en a ceux qui veulent bouleverser les valeurs essentielles. Comme quelqu’un qui oserait dire à un membre du congrès américain de mettre la « liberté » sur le banc des valeurs étasuniennes. « Razana » ne fait pas partie de cette catégorie, mais ressemble plutôt à un souffleur de moralité, un « soft power » de la morale mondialisée. Que l’Organisation Internationale de la Francophonie a grassement financement avec 10 000 euros.
Maminirina Rado