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mardi, juillet 8, 2025
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Industrialisation et Révolutions : Le modèle des oies sauvages, présenté par le Pr Mamy Ravelomanana

Pr Mamy Ravelomanana, professeur agrégé des universités en sciences économiques et membre fondateur du CREM.

Inventé par le chercheur japonais Kaname Akamatsu, le « modèle de développement des oies sauvages » ou “Flying Geese pattern of development” a été rendu célèbre par l’ancien ministre japonais des Affaires étrangères Okita, également universitaire, qui l’a appliqué à la transmission de la croissance aux pays de l’Asie de l’Est..

Les décollages des industries de biens de consommation se succèdent (se relaient – comme les oies),  accentuant les effets d’entraînement interbranches ou d’apprentissage propres aux modèles occidentaux de croissance dite endogène. Telle est la chronologie des accès aux différents niveaux de biens de consommation, qui caractérise le modèle des « Flying Geese », selon Mamy Ravelomanana, Professeur agrégé des universités en sciences économiques et non moins membre fondateur du CREM (Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar). Selon lui, l’essor économique du Japon puis des NPI (Nouveaux Pays Industrialisés) de première génération, les « dragons »  de l’Asie de l’Est dans un premier temps (la République de Corée, Taïwan, Singapour et Hong Kong) puis les Tigres (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, etc.) reproduisent le  « vol des oies sauvages ». En effet, la succession du décollage de plusieurs branches d’activités industrielles, résultant d’une politique volontariste diffère les pays asiatiques des pays européens de l’époque des deux premières révolutions industrielles.

Economie d’échelle. Le cycle de vie de Vernon (décollage, l’ascension, l’apogée et déclin) des produits du textile, acier, automobile, à l’électronique, n’a pas été abandonné aux lois du marché au Japon, a fait remarquer le Pr Mamy Ravelomanana.  A certains moments, il a été  avantageux de délocaliser certaines étapes de la chaîne de production. Taïwan et la Corée du Sud ont historiquement été des réceptacles pour les industries japonaises dans les phases de déclin du cycle. « Si en 1975 le Japon était encore le premier producteur de téléviseurs  en noir et blanc, quatre années plus tard en 1979, la Corée du Sud et Taïwan en produisait plus. Car dès 1964, TOSHIBA était passé à la production de téléviseurs en couleur. Ce premier mécanisme de la transmission régionale de l’industrialisation est le plus connu. Le second mécanisme souvent occulté  est le plus intéressant, car il présente un double effet de ruissellement : l’accès à un bien industriel par les ménages à revenu élevé réduit son coût de production – l’économie d’échelle de l’industrie-  et son prix, ce qui rend ce bien abordable pour les ménages à faible revenu. Cet effet “trickle-down” (ruissellement) se double d’un effet ‘trickle-up’: l’accès du bien primaire aux ménages à faible revenu (ou intermédiaire), en poussant encore plus bas son prix, contribue à  réduire les dépenses des ménages à revenu plus élevé. Les ménages riches peuvent alors avoir accès aux biens de consommation de niveau supérieur à condition que le pays soit capable de les produire et surtout ne les importe pas», a indiqué l’économiste du CREM.

Protectionnisme. Les économies d’échelle et ce système de relais  des “flying geese” expliquent la raison du protectionnisme japonais. Il a été exploité notamment  pour les productions de télévision, magnétoscopes, de machine à laver, de voitures, etc. Et en 1964, au moment du lancement des postes   téléviseurs  en couleur TOSHIBA, 90% des ménages japonais possédaient les «trois trésors sacrés» : un  téléviseur , un réfrigérateur et une machine à laver, en référence à une légende ancienne  – l’épée, le miroir et le bijou – cadeaux du Ciel  au premier Empereur du Japon. Ce mécanisme dévoilé par le chercheur japonais Matsuyama en 2002 puis 2016 décrit  la montée en puissance des sociétés de consommation de masse qu’elles soient occidentales, asiatiques ou  des pays émergents: l’économie se développe à mesure qu’un nombre croissant de ménages bénéficient d’un spectre plus important de biens et de services. « Si toutes les descriptions antérieures mettent l’accent sur les progrès technologiques qui jalonnent les passages d’une branche d’activité à une autre, l’originalité de Matsuyama a été de mettre en évidence l’importance du degré de sophistication de la demande pour le processus d’industrialisation », a souligné le Pr Mamy Ravelomanana.

Evolution. Dès lors, les différences de trajectoires des économies dans le monde deviennent moins mystérieuses. Selon les descriptions de l’économiste, les États-Unis, l’Europe et le Japon sont désormais les trois plus grands marchés pour les voitures SUV qui se trouvent en haut de la liste des biens ; la Chine, l’Inde et l’Indonésie sont les trois plus grands marchés pour les motos, qui se situent un peu plus bas sur la liste et ainsi de suite… Les pays en voie de développement commencent par développer leurs industries textiles et agro-alimentaires… et au fur et à mesure de leur industrialisation doivent absolument remonter dans la hiérarchie des biens manufacturés. Les pays à population intermédiaire ou élevée passent tous par une industrialisation alors que la baisse tendancielle de la part de l’industrie dans le PIB est confirmée pour la plupart des pays développés avec quelques exceptions. La Corée du Sud constitue un exemple de pays qui a maintenu la part de l’industrie dans son PIB (38%) la Chine est à 39% alors que le pays qui a inauguré l’ère industrielle,  le Royaume-Uni s’est orienté depuis longtemps vers la finance. Les pays les moins peuplés passent plus ou moins rapidement aux services, en particulier financiers (Luxembourg, Maurice, …). « A Madagascar, en 1966 soit 6 années après l’indépendance, les secteurs d’activité  se répartissaient de la manière suivante : 60,8% pour les services, 25,0% pour l’agriculture et l’industrie 14,2%. Un demi-siècle plus tard en 2016, alors que  dans la totalité des pays d’Asie, les révolutions agricoles et industrielles ont bien eu lieu, à Madagascar la structure a à peine changé 56,5% pour les services  24,4% pour l’agriculture et 19,1% pour l’industrie dont une partie importante aux industries d’extraction », a-t-il fait remarqué. Bref, nous avons du chemin à faire.

Antsa R.

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