
Le droit à la terre est culturellement une exclusivité pour les hommes à Madagascar.
La dualité du droit naturel et du droit coutumier fait que les femmes et les filles malgaches peuvent rarement disposer des terres. Représentant plus de la moitié de la population et parties prenantes à tout point de vue dans la vie du pays tous secteurs confondus, en particulier dans le secteur agricole, les femmes malgaches ne sont pas nombreuses à jouir du droit aux titres et certificats fonciers. Une entrave à leur développement d’un côté. Mais également une situation contraignante et réductrice, de l’autre. « Le certificat foncier peut toutefois être attribué aux femmes si l’on réduit la question du genre au sexe féminin » a-t-on dit durant le lancement des activités du volet foncier dans la région Analamanga à travers le groupement d’entreprise Geox 2. Ainsi, le projet ambitionne non seulement « d’attribuer le plus de certificats fonciers possible à des bénéficiaires femmes ». Mais également à « initier la démarche genre – non seulement comme étant un effet de mode et de tendance internationale – mais pour répondre à des besoins fondamentaux ». La place occupée par les femmes malgaches dans la vie du pays et du point de vue du droit étant les causes de cette initiative d’inclure l’approche genre dans le projet CASEF. Il convient de noter que le projet en question a pu « réaliser la production de l’ordre de 3500 certifications fonciers en quelques semaines dans la région de Vakinankaratra ».
Ambitieux. D’une durée de trois ans et ciblant cinq (5) régions d’intervention, le volet foncier du projet CASEF se lance divers défis majeurs. Entre autres, l’organisation d’une certification foncière massive qui devrait permettre d’attribuer 100 000 certificats fonciers jusqu’en 2021. Ledit volet ambitionne également la fiabilisation de l’outil de sécurisation foncière qui n’est autre que le Plan d’Occupation Foncière ou PLOF dans 195 communes d’Analamanga, Itasy, Atsinanana, Vakinankaratra et Analanjirofo. Sans oublier la redynamisation de 176 Guichets Fonciers, la dotation en équipement de guichets et services fonciers, l’élaboration de huit (8) schémas d’aménagement communaux et l’inventaire systématique des domaines privés de l’Etat. L’idée étant de « crédibiliser les certificats fonciers » et de permettre leur accès d’une façon « douce financièrement parlant« . Arriver à inscrire l’attribution des certificats fonciers aux bénéficiaires femmes dans la démarche de succession serait une avancée majeure dans la lutte pour une égalité de droits entre femmes et hommes.
José Belalahy