Ce titre est celui d’un film de Jean Yann, un cinéaste français. Il raconte l’hypocrisie collective qui passe sous silence les faits réels. Samedi dernier, jour de l’investiture officielle de notre nouveau président de la République, ce devait un jour de liesse, un jour de nouvel espoir, mais il y a eu quelques couacs qui ont enrayé le déroulement du déploiement de cette joie. Le premier est l’interpellation du président de la HCC qui ajuste ce que tout le monde fait mine d’oublier. En l’occurrence, il rappelle que nous sommes dans un Etat laïc et qu’aucune messe ni bénédiction n’a pas sa place dans une cérémonie comme celle-ci ou encore moins de quelque serment en brandissant la bible.
Mais toute course au pouvoir est une lutte entre les sphères (religieuses, culturelles, politiques, militaires…). Jusqu’ici, notre histoire contemporaine est balisée politiquement par la sphère religieuse notamment chrétienne qui tient à maintenir un tant soit peu son hégémonie dans la conduite des faits sociaux, politiques et même économiques. Le juge a beau faire sa mise au point mais tout le monde semble en faire fi et la cérémonie a écouté les cantiques protestants et catholiques entonnés par des chorales. Le fait du prince empiète le fait du juge. Quand est venu le moment de la remise de la plus haute distinction au nouveau prédisent, elle a été faite pour une fois par une femme, en la personne de Madeleine Ramaholimihaso devenue Grand Chancelier, personnage connu dans la société civile, mais une des rares laïques à avoir ses entrées au Vatican. Ainsi si ce n’est pas remerciement au catholicisme malgache, ça y ressemble fort .Enfin, face à cette tentative de mise à l’écart des chrétiens du cercle du pouvoir ces derniers font de la résistance, le lendemain même, dans son homélie à Mahamasina-même et retransmise par la radio d’Etat (TVM), a défendu ardemment le rôle des quatre grandes églises malgaches dans la société malgache.
Un autre couac est la venue d’un président non en exercice, Nicolas Sarkozy. On s’attendait à voir comme invités officiels des chefs d’Etat, des chefs de gouvernement ou au moins des émissaires officiels, mais lui était là comme ami du nouveau président hôte des lieux. En plus, il a été la vedette de la cérémonie. Lui qui se targue de son implication dans le fait générateur de la crise malgache, quand il a dit : « De Ravalomanana, il y a beaucoup à dire mais je ne veux qu’on fasse atteinte à son intégrité physique » Si ce n’est pas un aveu expresse d’appui à son ami ça y ressemble fort. D’ailleurs d’autres sources sérieuses le citent comme pourvoyeur de fonds des officiers de la Capsat, les premiers mutins de l’armée, Andry Rajoelina sont peut-être amis , mais vue leur différence d’âges , ils n’ont pas sûrement joué aux billes ensemble mais plutôt au jeu de quilles politiques où l’ancien maître du palais de l’Elysée est passé maître. Laurent Gbagbo en a fait les frais, il n’a pas été abattu en direct comme Kadhafi mais comme humiliation d’un chef d’Etat souverain, on n’en fait pas plus. Lui et Dada, on n’a pas vu leurs regards se croiser. La séquence serait d’anthologie, des regards noirs, et l’ex-président devait se dire « Tout le monde il n’est pas beau, tout le monde il n’est pas gentil ».
M.Ranarivao