
Seulement moins de 10% des Malgaches ont un compte de dépôt. Ce qui place le pays, parmi les moins performants en Afrique subsaharienne. C’est ce qui ressort d’une étude récente la Banque mondiale sur l’inclusion financière.
« Les banques peuvent jouer un rôle important dans la promotion de l’inclusion financière, notamment en fournissant des services financiers et de crédit aux moyennes et grandes entreprises, ce qui peut
stimuler davantage la croissance et créer des emplois » d’après toujours cette étude qui précise qu’actuellement, le secteur bancaire de Madagascar se caractérise par des niveaux élevés de rentabilité mais de faibles niveaux de pénétration bancaire.
« Par rapport aux pays pairs d’Afrique, on estime qu’il n’y a que 97,3 comptes de dépôt pour 1 000 adultes, un niveau comparable à celui de pays tels que le Soudan du Sud et le Tchad. Moins de 3 pour cent de la population ont accès au crédit bancaire ». Ce faible taux de pénétration s’explique notamment par le fait que les banques opérant à Madagascar appliquent des frais de tenue de compte élevés. Ce qui dissuade les clients potentiels, en particulier en raison de la pauvreté généralisée. Les exigences pour l’ouverture d’un compte constituent également un obstacle, comme la nécessité de présenter des documents d’identification qui peuvent être coûteux. À l’instar des IMF, les banques doivent également avoir des agences mais qui sont regroupées dans des zones urbaines. L’extension vers les zones rurales coûte cher pour les banques alors que la clientèle potentielle est faible.
Effet d’entraînement. Ces facteurs ont un effet d’entraînement sur le crédit bancaire, selon toujours cette étude. « Premièrement, parce que les banques ont du mal à attirer des dépôts, le coût du financement des banques est élevé et les prêts sont risqués. Par conséquent, les banques ne proposent que des crédits à taux d’intérêt élevés. Deuxièmement, les banques sont découragées
de proposer des crédits aux candidats qui n’ont pas d’antécédents de crédit formels et qui ne peuvent offrir des états financiers de qualité suffisante. Le bureau privé d’information sur le crédit devrait aider à résoudre cette situation. Troisièmement, beaucoup de Malgaches ne peuvent offrir suffisamment de garanties ou – s’ils le font – l’opposabilité de cette garantie devant les tribunaux est mise en doute. Les préoccupations concernant les garanties ont été accentuées par l’absence d’un registre de garanties centralisé. Quatrièmement, la demande de crédit est limitée, étant donné que beaucoup de micro- entreprises n’ont pas de modèle d’entreprise qui peut être rentabilisé ou n’ont pas l’esprit d’entreprise pour étendre leurs activités ». Face à cette situation Madagascar devrait prendre exemple sur d’autres pays afin de mieux avancer. « L’expérience dans d’autres pays montre que les banques peuvent adapter leur modèle d’affaires et utiliser la technologie pour promouvoir l’inclusion financière. Par exemple, en investissant dans l’interopérabilité (qui fait référence à l’échange d’informations entre banques via des plateformes logicielles liées), les fonds pourraient être retirés via l’agence ou le guichet automatique d’une autre banque, ce qui aiderait à surmonter la difficulté créée par un réseau bancaire espacé. Dans des pays comme le Kenya, les banques ont trouvé de nouveaux moyens de rivaliser et de collaborer sur un marché de plus en plus numérique et mobile de services financiers, en travaillant en étroite collaboration avec les opérateurs de réseaux mobiles. Les banques peuvent également contribuer à la promotion d’une culture d’épargne en offrant un accès aux comptes de transaction comme première étape de fourniture d’autres services financiers »
GPPC. La loi sur le Bureau privé de crédit récemment promulguée devrait aider à réduire le risque pour les banques
qui prêtent à de nouveaux clients en fournissant des informations sur les clients potentiels. Par ailleurs, une garantie
de portefeuille partielle pour les crédits (GPPC) par les banques et les IMF aux MPME en activité depuis plus de
trois ans a permis d’augmenter les prêts des banques et des IMF aux MPME. Dans le cadre de ce programme, le Fonds GPPC garantit 50 pour cent des crédits accordés aux emprunteurs éligibles. Les critères d’éligibilité sont convenus entre le prêteur et le Fonds. Une garantie de portefeuille est caractérisée par l’automaticité, puisque chaque crédit satisfaisant les critères d’éligibilité doit être enregistré sur la garantie. Des appels de garantie éligibles sur des prêts en défaut sont payés par le Fonds dans un délai de trente jours.
Recueillis par R.Edmond.