L’élection présidentielle s’est tenue, généralement, dans une atmosphère calme et sereine, « sans incident majeur » pour emprunter les termes des observateurs européens. Avec l’installation des « nouveaux » ténors du pouvoir, chacun attend à ce que les promesses électorales soient concrétisées, en bonne et due forme et à temps.
Mais pendant que les nouveaux responsables s’installent et prennent ou poursuivent progressivement les activités, les programmes et les projets de leurs prédécesseurs, le Grand Sud de Madagascar fait toujours face à une grande résignation inéquitable qu’il a vécue depuis des lustres.
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Le point n°11 des 13 « Velirano » du président Andry Rajoelina soulève la modernisation de Madagascar dont la rénovation des routes, des ponts et des voies ferrées. (Photos : Rija Emadisson) RN13, une route infernale
Nous avons pu, la semaine dernière, « vivre » et « goûter » amèrement au voyage sur la route nationale n°13 (RN13) ; celle qui relie Fort-Dauphin (Région Anôsy) et Ambovombe (Région Androy), en passant par Amboasary Sud (Région Androy). Nous ne sommes pas sans savoir à quel point cette route exhibe d’énormes trous béants. Seuls les véhicules 4×4 arrivent à y circuler moins difficilement. Les petites voitures ne sont pas capables de rouler sur les routes boueuses, et/ou de traverser les eaux retenues non pas par des bassins de rétention mais par des creux laissés par le mauvais état de la route, à cause du mauvais état de la route.

La réfection, la réhabilitation voire la construction de cette fameuse RN13 ont été exigées à maintes reprises mais jusqu’à maintenant, il ne se passe (presque) rien, outre les conséquences qui en résultent, en l’occurrence, l’insécurité, ou encore le ralentissement des voyages sur route. « Les problèmes engendrés par le mauvais état de cette route ne font qu’aggraver l’insécurité. Il arrive souvent que les conducteurs qui l’empruntent soient attaqués », confient notre automobiliste, Vaki Soa.

Déscolarisation des enfants, un « vulgaire » fait
Durant notre passage dans les régions suscitées, nous avons remarqué que les enfants sont déscolarisés. En effet, soit ils ne bénéficient pas d’infrastructures suffisantes pour leur éducation, soit leurs parents ne disposent pas des moyens nécessaires pour ce faire. Nous étions passés les jeudi 24 et vendredi 25 janvier, et des enfants s’occupent des bovidés ou mendient. D’autres font des « petits boulots » qui facilitent l’irrigation d’eau boueuse. Dans le Sud, la scolarisation des enfants est également un énorme défi qui attend le président Andry Rajoelina et le gouvernement.

L’adduction d’eau potable demeure problématique
L’eau potable, c’est presque comme un mythe dans le Sud. Elle n’est pas accessible à tous et elle n’est pas à l’abri des microbes et des bactéries. Nous avons pris cette photo sur la RN13 et nous constatons des enfants qui sont en train d’irriguer cette eau boueuse laquelle va « nourrir » les plantations des alentours.

Sur les photos subséquentes, nous ne pouvons qu’être sidérés devant de telles situations (ne datant pas d’aujourd’hui, d’ailleurs). Sur la première, les enfants qui sont des êtres humains et qui sont « Malagasy » qui prennent la douche ou nagent dans cette eau boueuse, et ce, avec des zébus, faute d’avoir de l’eau potable chez eux. Ce fait est loin d’être un cas isolé.

Sur la seconde, les mêmes enfants qui ont irrigué l’eau boueuse versent cette dernière dans ce bidon jaune et rentrent chez eux. C’est avec cette eau que plusieurs familles dans le Sud boivent, cuisent ou font leur toilette.

Pendant ce temps à Tsihombe (Région Androy), l’eau – loin d’être potable – s’amasse dans la ville. Elle dégage une odeur nauséabonde mais la population locale considère ce fait comme providentiel. En effet, le Grand Sud est réputé comme étant une zone frappée par la sécheresse, et dont l’accès à l’eau, qu’elle soit potable ou non potable, reste un énorme sujet à débat. De ce fait, l’eau – qu’importe sa source – est tout simplement une bonne nouvelle pour la population. Quoi qu’il en soit, les autorités étatiques actuelles doivent voir et suivre de près cette situation déshumanisante.
Cette liste n’est aucunement exhaustive ! Nous invitons (pour ne pas écrire « contraignons ») les autorités à prendre des mesures concrètes et efficaces pour résoudre les problèmes dans le Sud de Madagascar dont la beauté et la splendeur sont estompées, entre autres, par la sécheresse, l’insécurité et les « dahalo », la famine, l’absence d’infrastructures adéquates, les enfants non scolarisés, ou encore, le mariage précoce…
Dossier réalisé par Aina Bovel
Photos : Rija Emadisson