L’histoire se passe vers la fin des années soixante à Tsiroanomandidy. Un Président que je reste respecte a dit : « Saika latsaka t … sanabavy ! » suite à un crash de son aéronef où il est sorti heureusement indemne. L’aéronef, il l’a reçu du gouvernement français une ou deux années avant au stade de Mahamasina. L’Evènement a été grandiose, on s’en souvient, le polaroïd venait d’être commercialisé et tout le monde a été émerveillé d’être pris en flagrant délit de ce moment historique. Avec cet aéronef, le Président avait le don d’ubiquité puisqu’il pouvait être partout presqu’au même moment. L’aéronef en question s’appelait Alouette, un fleuron de l’aéronautique de la France de l’époque.
Plus de cinquante ans après, l’armée belge, utilisatrice, a voulu renouveler sa flotte aérienne et voulait remplacer ses vieilles Alouettes devenues obsolètes, et comme dans le marché des armements, les intermédiaires ne manquent pas et ne sont pas regardants ni sur le produit ni sur les encore moins sur les législations en vigueur, pourvu que les affaires marchent malgré les traités internationaux, un bon client s’est présenté.
En 2009, le pouvoir insurrectionnel à Madagascar s’est présenté comme preneur avec l’aide d’affairistes faisant fi de l’interdiction de ventes d’armes à des pays en situation « hors norme institutionnel ». Le marché a été conclu pour cinq appareils avec l’opacité de circonstances. Et ces aéronefs ont volé tant bien que mal malgré les réticences des utilisateurs, c’est-à-dire les pilotes de l’armée de l’air. Jusqu’au jour, où l’un d’eux s’est écrasé du côté de Tsaratanana, lors d’une mission, faisant plusieurs victimes, heureusement sans mort d’hommes. Les victimes doivent se morfondre en pensant que leurs supérieurs doivent se déplacer avec des hélicoptères canadiens de dernier cri et qu’eux doivent se contenter de vieilles brocantes.
Moralité, le marché des armements en général et celui de l’aviation civile en particulier, ne doivent pas être un enjeu des gens du pouvoir en place. On l’a vu avec les mises en place des décisionnaires au sein de la compagnie nationale aérienne qui achètent et vendent des appareils non au gré de l’intérêt national mais, aux profits personnels des dirigeants. La dette aux dépens d’Air Madagascar, l’anémie de l’armée de l’air malgache en sont les conséquences. Et qui paie ? Vous et moi.
La SeFaFi, brûlant la durée le délai de l’état de grâce nous met déjà en garde.
M.Ranarivao