
La Grande île, conformément au consensus de Copenhague sur l’iodation universelle du sel, auquel elle a adhéré, relance actuellement la revitalisation de l’iodation du sel sur l’étendue du territoire. Pour la région du Menabe, la cérémonie officielle de cette relance s’est tenue hier.
Madagascar fait en effet partie des pays où le taux de carence en iode est le plus élevé. Selon les données recueillies auprès du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) : seuls 25% des ménages malgaches ont accès au sel iodé et huit femmes sur dix sont déficientes en iode ; si 84% des femmes enceintes sont gravement déficientes. Cette revitalisation de l’iodation du sel cible en effet une couverture nationale et pour ce faire, elle se fera progressivement. La relance s’étendra ainsi vers d’autres régions pour ne citer que Toliara, ou encore Antsiranana. Avec cette revitalisation de l’iodation du sel dans le Menabe, la couverture nationale en sel iodé est prévue augmenter de 18%. Notons que cette relance est rendue possible grâce à l’implication des producteurs moyens et formels de sel et à un partenariat public-privé solidement appuyé par les bailleurs et partenaires techniques et financiers du ministère de la Santé publique : l’USAID par le biais de l’UNICEF, le peuple japonais et l’Iodine Global Network(IGN). L’UNICEF et le peuple japonais ont donné respectivement 850 kg d’iodate de potassium, remis officiellement hier au Comptoir du Sel iodé du Menabe (COSIM) à Morondava, avec les équipements d’iodation. Dans l’après-midi, une visite-démonstration du laboratoire de contrôle qualité de l’iodation du sel, nouvellement équipé, a également eu lieu en présence des autorités, des représentants des bailleurs, tels que l’USAID et l’UNICEF et les membres de la presse. De tels laboratoires permettront de s’assurer que le taux d’iode présent dans le sel iodé commercialisé prochainement soit conforme aux normes sanitaires internationales.

Impacts socio-économiques. Plus qu’il n’y paraît, l’iodation du sel soulève d’importants enjeux socio-économiques pour Madagascar en particulier et les pays africains en général. L’accès à l’iode permet de lutter contre la malnutrition chronique, à cause de laquelle, selon l’UNICEF en 2017, Madagascar a perdu 743 millions de dollars, dont 87 millions de dollars (soit 12%) sont attribuables à la carence en sel iodé, due à l’insuffisance d’accès et/ou au taux insuffisant d’iode dans le(s) sel(s) habituellement commercialisés au niveau local et national. Cette relance nationale de l’iodation du sel cible et soutient justement les producteurs moyens de sel œuvrant dans le forme, car les partenaires comme l’USAID par exemple, estiment que le partenariat public-privé est déterminant pour la réussite des projets de développement. Lors de la cérémonie d’hier, le président de ces producteurs moyens de sel du Menabe, Fazade Hedaraly a rappelé, au cours d’une histoire inspirante, à quel point le sel a été séculairement lié à l’histoire de l’Homme. Mais il a aussi exprimé ses doléances à l’endroit des autorités, selon lesquelles, l’achat et l’importation de matériel d’iodation et d’iodate de potassium devraient faire l’objet de facilitations fiscales et douanières pour les petits et moyens producteurs de sel ; pour pérenniser la production de sel iodé et la couverture nationale en sel iodé à Madagascar. D’un point de vue sanitaire, l’apport en iode garantit non seulement de meilleures capacités cognitives via une meilleure croissance cérébrale, donc plus d’intelligence aux enfants, mais en plus quand le sel est fluoré, les enfants bénéficieront d’une meilleure dentition ; l’hygiène bucco-dentaire étant également cruciale pour la santé. Toutefois, la consommation du sel iodé, ne relève pas seulement de l’accès ni de la commercialisation, un travail de plaidoyer et de communication est également nécessaire. La résistance est effectivement palpable, car le public est encore mal informé et peu convaincu sur l’impact de l’iode et de la carence en iode sur la santé. C’est la raison pour laquelle, l’IGN appuie aussi la relance de l’iodation du sel à Madagascar en termes de plaidoyer, la communication et le marketing social, avec le concours des journalistes. Le processus ne fait que commencer et il commence bien, dès la mi-mars, le premier jet de commercialisation de sel iodé est attendu pour la région Menabe.
Luz Razafimbelo