Petit à petit, le régime pose ses jalons dans le paysage politique malgache. Il assume son emprise sur l’exécutif en disposant d’un pouvoir quasi absolu. L’onction de la HCC lui permet d’agir à sa guise jusqu’aux élections législatives. Il peut maintenant agir sans prendre de gants et entamer sa croisade contre les fraudeurs et les corrompus. Il l’a inaugurée en faisant procéder à ces arrestations spectaculaires de Maminirina Eddy, considérés auparavant comme intouchable et Mbola Rajaonah, l’une des personnalités de l’entourage de l’ancien président. Les actions menées par les forces de l’ordre ont frappé les esprits, mais on se demande s’il ne s’agit que d’un feu de paille et si les poursuites vont continuer et toucher tous les trafiquants et les corrompus qui jouissaient jusqu’à présent d’une totale impunité. Les noms de ces derniers sont sur toutes les lèvres et on attend donc la suite des événements avec intérêt. En dehors de ces actions montées en épingle par la presse, le régime continue à asseoir son assise, en reprenant en main le pôle diplomatique. La mise à l’écart d’ambassadeurs et consuls était certes attendu, mais on ne pensait que cela se ferait aussi rapidement. Tout aussi vite s’est faite l’annonce d’expropriation faite par l’état de plusieurs dizaines d’hectares à Ivato pour la construction de buildings « mora », respectant ainsi les promesses faites pendant la campagne électorale ;Mais le problème de la Jirama assombrit ce tableau que le pouvoir veut idyllique. Les délestages tournants et les coupures d’eau alimentent une grogne des usagers qui s’ils continuent, peuvent entraîner un début de révolte. Les explications fournies par les responsables tiennent la route, mais les consommateurs ont de plus en plus de mal à supporter les désagréments occasionnés.
Sur le plan international, c’est le 32e sommet de l’Union africaine qui a marqué cette semaine. L’Afrique a réussi sa grande réunion qui a vu le passage de flambeau entre le Rwandais Paul Kagame et l’Egyptien Abdel Fatah al Sissi. A la présidence flamboyante du premier succède celle plus classique du second. Le président égyptien a rappelé l’époque de Gamal Abdel Nasser, grand défenseur de l’Afrique. Ce sommet a été aussi marqué par la présence des deux présidents nouvellement élus, Andry Rajoelina et Félix Tsisekedi. Ils ont été chaleureusement accueillis par leurs pairs.
Aux Etats Unis, la catastrophe, est évitée après le vote massif des sénateurs sur le compromis budgétaire permettant d’éviter le shutdown. Le président Donald Trump a déclaré qu’il ne bloquerait pas cet accord et qu’il allait déclarer « l’urgence nationale » pour financer la construction de son mur.
En France, le grand débat initié par le pouvoir n’a pas encore réussi à éclipse les « gilets jaunes » de la scène nationale Les interventions des citoyens qui y participent sont très passionnées et même parfois irrespectueuses selon certains. En témoigne la manière dont a été apostrophé le Premier ministre Edouard Philippe lors d’une émission spéciale organisée par la chaine d’information LCI. Mais l’opinion publique commence à se lasser du mouvement comme le suggèrent les sondages d’opinion. La côte d’Emmanuel Macron et de son Premier ministre commence à remonter.
Le régime continue de s’affirmer. Il impose ses vues sans prendre de précautions. Il peut le faire puisque son pouvoir absolu est légitimé par la HCC. Ce pouvoir est certes limité dans le temps, mais il doit en profiter pour aller de l’avant. Les arrestations spectaculaires de ces derniers jours ont fait grincer les dents de certains. Il y a eu des réserves émises, mais les actions entreprises semblent justifiées. On peut parler du début de la lutte contre l’impunité.
Patrice RABE