Si la colline royale d’Ambohimanga trône depuis plus d’une vingtaine d’années sur la liste des patrimoines classés et reconnus par l’Unesco, d’autres semblent être oubliés. Pourtant, le pays possède en tout trois sites inscrits au patrimoine mondial et sept autres sur la liste indicative.
Sites inscrits :
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La colline sacrée d’Ambohimanga recèle aussi d’une architecture unique. Colline royale d’Ambohimanga
La définition de l’Unesco concernant ce site est vraiment la plus indiquée pour le décrire. « La colline royale d’Ambohimanga se compose d’une cité royale, d’un site funéraire royal et d’un ensemble de lieux sacrés. Associée à un fort sentiment d’identité nationale, elle conserve son atmosphère de spiritualité et son caractère sacré, dans la pratique et dans l’esprit de la population, depuis quelque 500 ans. Elle demeure un lieu de culte et de pèlerinage que l’on vient visiter de Madagascar et d’ailleurs ». A part son caractère historique, les Malgaches semblent avoir oublié que les lieux sacrés qu’abrite la colline restent encore des lieux de pèlerinage et de cultes religieux ancestraux pratiqués depuis des siècles, voire des millénaires. Si les chiffres sur les affluences touristiques sont disponibles, le nombre de Malgaches qui continuent de faire des rituels sur les lieux sont inconnus. Probablement, ils pourraient dépasser la centaine de milliers en une année.
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La région de Ranomafana, dans la partie sud de Madagascar, se trouve dans le corridor forestier de l’Est de Madagascar. Forêts humides de l’Antsinanana
Selon l’Unesco, la particularité de ce patrimoine naturel réside dans le fait qu’il « reflète l’histoire géologique de l’île : en raison de sa séparation des autres masses terrestres il y a plus de 60 millions d’années, Madagascar abrite une flore et une faune qui ont évolué isolément. Inscrites pour leur importance tant pour les processus écologiques que biologiques, les forêts humides le sont également pour leur biodiversité et les espèces menacées qu’elles hébergent, notamment pour les primates et les lémuriens ». En d’autres termes, les forêts humides de l’Antsinanana sont les témoins du démantèlement du Gondwana. Qui aurait selon des mythes et des hypothèses scientifiques : la lémurie. Un continent oublié. Quoi qu’il en soit, ce site représente une banque d’informations énormes pour raconter l’histoire de la faune et flore malgache. Sans oublier qu’elle peut aussi en révéler sur celle d’une grande partie de la terre. Par exemple, les amphibiens de Ranomafana peuvent prévenir des changements climatiques des années à l’avance.
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Lieux mystérieux, les « Tsingy » de Bemaraha se trouvent en haut du podium des sites les plus visités de Madagascar.
« Un paysage karstique et un massif calcaire fortement déchiqueté avec son impressionnant tsingy , ou « forêt » d’éperons calcaires, la gorge spectaculaire de la rivière Manambolo, des collines ondulantes et des pics élevés composent le relief de la réserve naturelle de Bemaraha, où des forêts intactes, des lacs et des mangroves servent d’habitat à des espèces d’oiseaux rares et menacées et des lémuriens ». Ce beau tableau cache cependant une triste réalité. Au mois d’août 2018, ce patrimoine inscrit en 1990, a été secoué par des crises au niveau de la population de base. Avec environ 15 000 entrées par an, les villages et communes alentours sont restés presque les mêmes. Raison pour laquelle, le maire de Bekopaka, Francklin Miandrizoky, a réalisé des actions d’envergure pour alerter les autorités. Il faut savoir que les sites et parcs naturels de la Grande Île sont gérés par la « Madagascar National Park » (MNP). De ces remous, des projets d’installation d’infrastructures ont été promis jusqu’en 2020.
Encadré 2 :
Avantages d’être inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco
Selon les spécialistes en sauvegarde du patrimoine, au moins dix raisons poussent les pays à inscrire leurs sites historiques ou naturels dans le patrimoine de l’Unesco. La première reste l’avantage touristique pour des pays comme Madagascar dont l’économie se base sur les visiteurs venus de l’étranger. Cependant, les sites classés peuvent parfois léser les populations de base. Par exemple, l’Etat a sorti une interdiction de pratiquer les rituels ancestraux sur les lieux de cérémonie. Ce qui a parfois causé la frustration des locaux et des Malgaches qui considèrent ce lieu comme sacré.
Maminirina Rado