Les syndicats des inspecteurs, brigadiers et agents de Police ont rencontré la presse hier au Kianjan’ny Kanto Mahamasina.
Ridicule. C’est le moins que l’on puisse dire de la déclaration effectuée hier par les syndicats des inspecteurs, des brigadiers et des agents de Police. En effet, ces trois syndicats contestent la décision de suspension de la Police de la circulation prise lors du Conseil du gouvernement de la semaine dernière. A l’issue de leur réunion qui s’est déroulée hier au Kianjan’ny Kanto Mahamasina, les syndicalistes au sein de la Police nationale ont lancé une mise en garde à peine voilée à l’endroit du ministre de la Sécurité Publique, le Contrôleur Général de Police, Rafanomezantsoa Roger. « Si le ministre ne fait pas machine arrière sur l’application de cette décision, nous entamerons une action », a averti leur porte-parole, tout en se défendant toutefois de révéler les tenants et aboutissants de leur stratégie. L’on pourrait cependant s’attendre à une radicalisation de leur mouvement. Et les membres des syndicats des inspecteurs, brigadiers et agents de Police de marteler que « si le ministre souhaite renforcer la lutte contre la corruption, qu’il trouve d’autres stratégies mais il n’est pas question de supprimer la Police de la circulation qui figure parmi nos missions normales ». « La Police nationale a lutté contre la corruption depuis belle lurette, bien avant même la création du Bureau Indépendant Anti-Corruption », a martelé le Porte-parole des syndicalistes. Et lui de laisser entendre au passage que les policiers de la circulation sont disposés à collaborer avec le nouveau régime pour le combat contre la corruption.
Insubordination hiérarchique. Bon nombre d’observateurs considèrent la déclaration faite hier par les syndicats de Police de la route comme « de la mutinerie ». Et ce, dans la mesure où ils contestent non seulement une décision gouvernementale (ndlr : car la suspension de la Police de la circulation a été décidée en Conseil du gouvernement), mais aussi une désobéissance et une insubordination hiérarchique vis-à-vis du ministre de tutelle et de la Hiérarchie policière. En quelque sorte, c’est comme s’ils sont prêts à engager un bras de fer contre le régime en place pour réclamer l’institutionnalisation de la corruption dans l’accomplissement de leurs missions. Nul n’ignore en effet que si l’on se réfère aux rapports d’activités du Bureau Indépendant Anti-Corruption, la Police nationale en général et la Police de la route en particulier, se trouve en haut du tableau en ce qui concerne la corruption. Ces dernières années, publier des images de policiers pris en flagrant délit de recevoir un « tsolotra » est devenu une pratique très courante chez les facebookers.
Mutinerie déguisée. Les responsables au sein de la Police nationale sont d’ailleurs considérés comme des complices en favorisant l’affectation de tous les policiers stagiaires, tous grades confondus, à la Police de la route dès leur sortie d’école. En souhaitant changer cette triste réalité, le ministre nouvellement nommé semble confronté à une sorte de « mutinerie déguisée ». La lutte contre la corruption, le renforcement du combat contre la recrudescence de l’insécurité et l’utilisation à bon escient des forces de l’ordre figurent parmi les axes prioritaires du « Velirano » du président Andry Rajoelina. Par ailleurs, tout au long de sa campagne électorale, ce dernier n’a eu de cesse de marteler que, la radiation sera la sanction pour tous les militaires, gendarmes et policiers impliqués dans des affaires de corruption. La question est désormais de savoir qui des syndicats des inspecteurs, brigadiers et agents de Police, et du Gouvernement Ntsay Christian qui entend apporter une grande réforme dans la gestion de l’Administration publique, va faire machine arrière dans ce bras de fer ? Historie à suivre.
Davis R