L’Afrique a connu ces dix derniers mois une mutation importante avec les élections présidentielles qui se sont succédé. La plupart d’entre elles n’ont pas échappé à la contestation des citoyens des pays où elles se sont déroulées. Les manifestations ont parfois été violentes, mais l’ordre est finalement revenu et les résultats dits « officiels » ont fini par être acceptés. Les trois derniers scrutins qui se sont déroulés, à savoir ceux de Madagascar et du Sénégal et dans une moindre mesure de la RDC, ont été cités en exemple. Mais celui qui va se dérouler en Algérie, bientôt focalise l’attention de tous les observateurs car il risque de se dérouler dans une atmosphère explosive. L’Algérie est en train d’opérer sa mutation démocratique avec le refus de son peuple de cautionner le maintien d’un clan au pouvoir.
Les yeux du monde : braqués sur l’Algérie
Le maintien de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle est, pour les Algériens, une tentative du clan qui l’entoure de garder le pouvoir. L’ancien président est un homme malade qui ne semble plus capable de diriger le pays. C’est une population composée d’une majorité de jeunes qui est descendue dans la rue pour demander au vieux président de ne plus se présenter. C’est la génération montante qui ne veut plus d’un pouvoir autoritaire où aucune contestation n’est tolérée. Jusqu’au dernier moment avant-hier soir, les manifestants avaient espéré le renoncement du vieux leader. Mais la lettre qui est parvenue au Conseil Constitutionnel confirme sa candidature, , mais elle propose l’organisation d’une présidentielle anticipée dans un an sans sa participation. Nul ne sait si cela va désamorcer la contestation, mais certains analystes parlent d’un subterfuge utilisé pour essayer de temporiser et trouver une solution de rechange. Le clan au pouvoir ne veut d’un saut dans l’inconnu. Mais la détermination des manifestants ne semblait pas vouloir faiblir hier.
Patrice RABE