L’histoire de Madagascar a été marquée par des femmes qui ont déjà dirigé des peuples. Par ailleurs, la femme malgache reste toujours tributaire de son époque : mondialisation ou révolution.
Femme malgache : femme des champs, femme des villes, femme de la mer, femme illettrée, femme universitaire, femme seule, femme indépendante, femme célibataire, femme mariée, femme chômeuse, femme bureaucrate, femme croyante, femme athée, femme d’ici, femme d’ailleurs, femme de joie, femme riche, femme pauvre, femme ivrogne, femme sage, femme battue, femme épanouie, femme geek… Autant il y aura encore des jours à vivre, la femme malgache évolue, s’adapte, s’affirme, se multiplie… Bref, selon sa situation géographique, elle se redéfinit perpétuellement avec la « mondialisation » en fond d’écran.
Dans l’histoire, les reines n’ont pas manqué. Souvent, elle avait cet aura féroce, sans pli et ne laissant aucune concession. La reine de l’ouest, Ratoera, celle qui a défendu sa patrie contre les colons, telle une lionne protège ses petits, face à une horde d’hyènes. Elle rappelle le courage de la reine Elisabeth qui a pris les armes sous les bombes allemandes lors de la Guerre mondiale. Les Ranavalona, des régentes tout aussi adulées que craintes. Sur cet aspect, Madagascar n’a pas à rougir d’avoir déjà été dirigé par des femmes. Avec la République, le pouvoir s’est apparemment masculinisé, est devenu plus viril. Avec des hommes « forts » et « guerriers », surtout quand prendre le pouvoir, légitime ou non, a nécessité des démonstrations de force de part et d’autres.

Femme indépendante. Dans le quotidien, la femme reste et restera le tremplin de la transmission. « On considère maintenant que l’environnement verbal fourni par la mère au cours des premiers mois de la vie est essentiel pour comprendre comment le bébé acquiert progressivement la capacité de communiquer », selon les propos de Barbara J. Anderson, Vietze et Dokecki dans leur ouvrage collectif : « Reciprocity in vocal interactions of mothers and infants » (1977). Cela ne voudrait pas dire pour autant que le destin de la femme reste forcément la maternité. A Madagascar, de plus en plus de mères élèvent seule leurs enfants par choix ou par défi. Les chiffres manquent mais s’émanciper de l’homme reste un droit qu’elle ose détenir malgré une tradition moderne. Mettant en avant des valeurs comme l’honneur familial.
Nul n’ignore que les initiatives que ces femmes mères entreprennent causent des changements dans la société, que les horizons s’élargissent sans créer un nouveau monde. Elles ont bien raison, à en croire les chiffres du Fonds des Nations-unies pour la population (UNFPA) en 2018, 30 % des femmes subissent des violences physiques et psychologiques soit trois femmes sur six. Il suffit de laisser faire l’imagination quand chacun se trouve dans son lieu de travail. Et si celui-ci regroupe au moins dix femmes. Néanmoins, les statistiques ne définissent pas un profil. Les hommes violents font partie de toutes les catégories : riche, pauvre, érudit, trentaine, soixantaine, chômeur, actif… Ce qui veut dire que ces actes ne relatent pas la situation matérielle des victimes et des agressifs.
Célébrer la journée internationale de la femme, que les Français dans leur exception ont qualifiée de « journée internationale des droits de la femme », est-elle encore d’actualité, ou est-ce un esprit à renouveler ?
Maminirina Rado